Macroéconomie
Comprendre bien les théories économiques est très important pour les économistes, surtout pour ceux qui travaillent dans le domaine d'analyse et prévision économique. Cela est comme le cas des medecins qui doivent comprendre très bien toutes sortes de maladies avant de commencer à guérir
La rédaction de Problèmes économiques a proposé un petit guide pour comprendre plus de 150 théories économiques. Ces théories sont regroupées dans 15 grandes parties. Je vous les représente comme suit:
Courbe de Phillips
La courbe de Phillips pose l'existence d'une relation négative entre inflation et chômage. Un gouvernement aurait le choix entre relancer l'économie et par suite l'emploi au prix d'un peu d'inflation, et freiner la croissance et ralentir l'inflation au prix d'un surplus de chômage. M. Friedman (prix Nobel 1976) et E. Phelps ont critiqué cette interprétation due à Samuelson (prix Nobel 1970) et Solow (prix Nobel 1987). Ils soutiennent que si, à court terme, il existe bien une relation positive, à long terme, la courbe devient une droite verticale. Un gouvernement qui relancerait l'économie ferait reculer dans un premier temps le chômage mais au prix d'une inflation plus élevée. L'adaptation des agents à plus d'inflation ramènerait à long terme le taux de chômage à son niveau " naturel ". Si l'hypothèse des anticipations adaptatives autorise un arbitrage exploitable à court terme, celle des anticipations rationnelles ruine même à court terme un tel arbitrage. Dans le modèle de Lucas, les agents ajustent instantanément leurs anticipations de prix et de salaires à la nouvelle politique économique. Toute politique économique est-elle donc inutile ? Pas nécessairement si les modifications de politique économique sous forme de règles négociées sont " bien " interprétées par les agents économiques. Elles ont alors probablement plus d'effets sur l'économie que les modifications de politique économique laissées à la discrétion des gouvernements. (Phillips, Friedman, Phelps, Samuelson, Solow, Lucas)
Modèle de Solow
Le modèle décrit comment un accroissement du stock de capital, de la quantité de travail (ou de la population) et le progrès technique interagissent et affectent la production au sein de l'économie. À long terme, il montre que l'économie tend vers un état stationnaire. Cette situation d'équilibre est déterminée par le taux d'épargne, le progrès technique et la croissance démographique. Le taux d'épargne et le progrès technique étant des données dans le modèle, la croissance économique dépend, à long terme, de celle de la population. (Solow)
Modèles " millésimés " ou à générations de capital (vintage models)
Ces modèles, développés par Solow (prix Nobel 1987) proposent une nouvelle méthode pour analyser le rôle de la formation du capital dans la croissance économique et tiennent compte en particulier de l'âge du capital. Selon Solow, le progrès technique est contenu dans le capital de l'économie, contrairement à la nouvelle théorie de la croissance endogène (pour laquelle le moteur de la croissance vient des externalités). Les nouveaux investissements incorporent les dernières techniques connues. Le millésime du capital doit donc être pris en compte dans les modèles. Ainsi se trouve définie une nouvelle façon d'agréger du capital issu de différentes périodes. Ces vintage models ont depuis été employés dans d'autres modèles économiques, tels les modèles d'équilibre général calculable. (Solow)
Modèle IS-LM
Créé par Hicks (prix Nobel 1972), ce modèle est repris et modifié par Hansen, Lerner, Samuelson (Prix Nobel 1970). Il est composé de deux équations : IS (Investment et Saving) exprime l'égalité entre l'épargne et l'investissement (équilibre sur le marché des biens) et LM (Liquidity et Money) traduit l'égalité entre l'offre et la demande de monnaie (équilibre sur le marché de la monnaie). Le modèle comporte deux variables endogènes, le revenu national Y et le taux d'intérêt i, les autres variables sont considérées comme exogènes (masse monétaire M, dépenses gouvernementales G). Le modèle permet d'étudier, dans une économie fermée, les effets des variations de M et G sur le revenu et le taux d'intérêt. Ce modèle va donner naissance au consensus théorique baptisé par Samuelson "synthèse néoclassique" : démarche macroéconomique qui complète le schéma d'analyse keynésien par des équations inspirées de la logique néoclassique (maximisation de l'utilité marginale, analyse du point de vue de l'offre). (Hicks, Samuelson)
Théorie de l'état stationnaire
A l'origine du phénomène se trouve l'opposition entre deux mouvements qui apparaissent inéluctables et incontrôlables à l'époque : d'une part, la croissance démographique et, d'autre part, les rendements décroissants de la terre. L'accroissement de la production provoque une hausse de la demande de travail, qui implique une hausse des salaires. Cette amélioration des conditions de vie conduit à une croissance de la population. Celle-ci implique une hausse de la demande de produits agricoles. La production agricole augmente. Toutefois, les terres mises en culture pour augmenter la production se heurtent à de srendements décroissants. Le coût de production et donc le prix des denrées agricoles augmentent. Il en résulte que les propriétaires des terres les plus fertiles bénéficient de rentes ; en revanche, les profits des industriels diminuent, la part des salaires restant constante dans le revenu national. Les profits diminuent, l'investissement baisse bloquant la croissance. Le commerce international et le libre échange peuvent retarder l'échéance mais cette solution ne peut-être que de court terme. (Ricardo, Malthus)
Théorie de l'oscillateur
La théorie montre comment les interactions entre le principe du multiplicateur keynésien (source de stabilité économique) et celui de l'accélérateur (source d'instabilité) peuvent créer des fluctuations cycliques endogènes. Cinq types de situation se présentent : 1°/ il n'y a pas de fluctuation et le niveau de revenu décroît vers son niveau initial ; 2°/ l'évolution du niveau de revenu prend la forme d'oscillations amorties ; 3°/ ces oscillations sont explosives ; 4°/ la croissance est exponentielle ; 5°/ des oscillations auto entretenues. (Samuelson)
Théorie de la croissance endogène
Cette théorie montre en quoi plusieurs facteurs peuvent faire apparaître des externalités positives et par conséquent être source de croissance pour la collectivité : investissement en capital physique, investissement en capital public, investissement en capital humain, apprentissage par la pratique, division du travail, recherche et innovations technologiques. La croissance est endogène au sens où elle ne dépend que des seuls comportements des agents et des variables macroéconomiques. (Barro, Lucas, Levine, Romer)
Théorie de la régulation de la croissance
Elle analyse les régimes de croissance. Ceux-ci dépendent d'une part d'un régime de productivité, c'est-à-dire de l'ensemble des déterminants de la progression de l'efficacité économique (organisation du travail et des entreprises, degré de concentration des entreprises, degré de mécanisation, type d'innovation, etc.) et, d'autre part, d'un régime de demande c'est-à-dire de l'ensemble des mécanismes de répartition des gains de productivité entre salaires, profits, prix relatifs qui alimentent la demande. (Aglietta, Boyer, Bénassy, Mistral)
Théorie des cycles économiques
On distingue différents types de cycles : 1°/ les tendances séculaires ou trends d'une période d'un siècle par référence aux travaux de F. Braudel ; 2°/ les mouvements de longue durée de type Kondratiev de l'ordre de 25 à 45 ans ; 3°/ les cycles classiques ou cycles courts de type Juglar qui durent 6 à 10 ans ; 4°/ le cycle Kitchin qui dure 40 mois ; 5°/ les mouvements saisonniers comme la production agricole. Les cycles peuvent avoir trois origines. La première est d'ordre exogène d'où le terme des cycles exogènes. Dans ce cas, c'est l'environnement qui est à l'origine du cycle : accident climatique, interdépendance croissante des économies qui propage les cycles d'activité d'un pays à l'autre , des chocs politiques, les politiques économiques ou bien encore les échéances électorales à l'origine de cycles politico-économiques. Une deuxième origine est endogène c'est-à-dire lié à l'activité économique elle-même. Les facteurs déclencheurs peuvent être l'accumulation du capital, le partage de la valeur ajoutée, le développement des innovations (explication schumpétérienne des cycles kondratiev), une modification ou choc que peut subir les fondamentaux d'une économie (goût des ménages, techniques disponibles, dotations en ressources des agents). Une troisième origine est financière. C'est le cas pour les cycles d'endettement. l'expansion conduit à une croissance des crédits qui lorsque l'activité se retourne a pour conséquence un désendettement et un approfondissement de la dépression. (Kondratiev, Schumpeter, Juglar, Kitchin)
Théorie du capitalisme monopolistique d'Etat (CME)
Le capitalisme se heurte à une crise de suraccumulation c'est-à-dire d'excédent de capital par rapport à la masse de profit. L'action de l'Etat consiste à dévaloriser certains capitaux afin de rétablir le taux de profit. Cette intervention prend diverses formes : financement public privilégié, nationalisation, transfert au privé d'entreprises ou de secteurs redevenus rentables. (Boccara)
Théorie keynésienne de la crise
La crise est contingente. Deux éléments jouent un rôle : la monnaie et les anticipations de la demande. La monnaie peut être conservée pour elle-même et ainsi provoquer des fuites dans le circuit économique. Comme les entreprises produisent lorsqu'elles ont la certitude d'écouler leur production, elles vont chercher à anticiper la demande. Il en résulte un niveau de production qui satisfait la demande mais qui ne correspond pas forcément au plein emploi. Il n'existe pas de mécanisme autorégulateur. En outre, le chômage peut accentuer les comportements d'épargne de précaution et les mauvaises anticipations des entrepreneurs. Seule l'intervention de l'Etat par une politique économique adéquate peut susciter une demande supplémentaire. (Keynes)
Théorie marxiste de la crise
Seul le travail vivant crée de la valeur. Or poussé par la concurrence, le capitaliste utilise de plus en plus des machines et donc du travail mort. Il déclenche ainsi la crise. Même si le rendement du travail vivant augmente, sa quantité diminue. Il en résulte : 1°/ une diminution de la demande de biens de consommation puisqu'il y a de plus en plus de chômeurs ce qui diminue l'incitation à produire ; 2°/ un déséquilibre entre la section produisant des biens de consommation et celle produisant des biens de production ; 3°/ une baisse de la rentabilité du capital puisque les prolétaires, soit au niveau de la répartition (partage profits - salaires) soit au niveau de la production (lutte contre les cadences) lutteront contre les capitalistes ; 4°/ une baisse inéluctable du taux de rentabilité du capital puisque le capitaliste aura recours de plus en plus au capital constant (autrement dit aux machines ou travail mort). L'existence de contre-tendances : concentration du capital, prise en charge par l'Etat d'une partie du capital, ne sont que des solutions de court terme. (Marx, Engels, Lénine, Luxembourg)
Théorie néoclassique de la crise
Celle-ci est impossible dans un système d'économie de marché de concurrence pure et parfaite. Toute offre crée sa propre demande selon la loi de J. - B. Say. Si une crise se produit cela peut être dû au non respect des conditions de concurrence pure et parfaite (présence des syndicats, non contestabilité des marchés) ou à l'intervention de l'Etat que cela soit pour stabiliser la conjoncture, pour la politique de redistribution ou pour l'allocation des ressources. Ainsi, la multiplication des réglementations et des programmes étatiques de lutte contre la pauvreté et le chômage produit-elle l'inverse du but recherché (trappes à chômage et à pauvreté). (Say, Hayek, Friedman, Laffer, Buchanan)
Théorie régulationniste de la crise
Au sein du mode de production capitaliste, il existe différents régimes d'accumulation et différents modes de régulation. Le passage d'un régime d'accumulation à l'autre ou bien d'un mode de régulation à un autre constitue une crise ou rupture. Lorsqu'aucun changement institutionnel ou de politique économique est nécessaire on parle de " petite crise ". Autrement, c'est-à-dire en cas de non reprise spontanée, on parle de " grande crise ". (Aglietta, Boyer, Bénassy, Mistral)
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