Thứ Ba, 28 tháng 8, 2012

(13) LES ORIGINES DE L'INFLATION DU VIETNAM D'APRES L'APPROCHE MONETARISTE

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(13) LES ORIGINES DE L'INFLATION DU VIETNAM D'APRES L'APPROCHE MONETARISTE:


Section 3: Les conséquences inflationnistes du financement du déficit Budgétaire par le recours à l'émission monétaire

            Les émissions monétaires visant au financement du déficit budgétaire sont sans doute une source extrêmement importante et directe de l'inflation, comme l'affirment l'école monétariste et les autres courants économiques. Il est bien évident que le financement des déficits budgétaires par le recours à l'émission monétaire est un élément de formation des tensions inflationnistes déjà toujours manifestées dans tel ou tel secteurs économiques. La formation des tensions inflationnistes est liée directement à la fois à l'accroissement des masses monétaires en circulation et à la nature des dépenses publiques financées par la création de monnaie. Le financement du déficit budgétaire par la création de monnaie est donc une sorte d'impôt sur les détenteurs d'encaisses monétaires, dont le pouvoir d'achat diminue en raison de la hausse des prix induite par l'expansion monétaire, c'est pourquoi on appelle parfois ce type de financement "taxe d'inflation"[1].

            1- Les conséquences inflationnistes du financement du
                déficit budgétaire par le recours à l'émission monétaire
                dans les théories et études économiques

            1.1) A travers les théories
            Les théories parlent de deux relations majeures, surtout dans les pays en développement, l'une est celle entre déficit budgétaire et émission monétaire et l'autre entre émission monétaire et inflation.
            a) La relation entre déficit budgétaire et émission monétaire:
            L'influence des déficits budgétaires sur la croissance monétaire est l'objet de plusieurs travaux pendant la décennie 1980s et se développe au cours des dernières années. L'école monétariste affirme que la masse monétaire est déterminé par la politique gouvernementale puisque les gouvernements dépensent plus qu'ils prélèvent l'impôt, par conséquent, ils doivent émettre la monnaie pour financer leur déficit budgétaire[2]. En général, des économistes estiment ensemble que l'accroissement des déficits budgétaires et des dettes publiques provoque la croissance de la masse monétaire. Cependant, dans les études empiriques, on trouve les résultats différents tant au niveau des pays industrialisés et en développement qu'au sein des groupes des pays en développement.

            Pour les pays industrialisés, la plupart des études montrent que la dette publique influence non-significativement la croissance monétaire dans ces pays[3]. Dans le cas des Etats-Unis, cette relation est biaisée[4]. Pour les autres pays industrialisés, pendant une longue période, il y a eu rarement l'étude sur cette relation, mais depuis le début des années quatre-vingt, il apparaît quelques unes[5], mais les résultats sont similaires. On explique parfois cette phénomène à partir du fait que dans les pays industrialisés, la monétisation des déficits budgétaires n'est pas un processus automatique[6], c'est à dire elle est sous le contrôle et anticipée par les autorités monétaire.
            Par contre, la monétisation des déficits budgétaires dans les pays en développement peut être inflationniste. Gillis et al. évaluent que comme un règle commun, les taux d'inflation dans les pays les plus moins avancés, qui dépassent largement le taux mondial, sont souvent d'origine des déficits budgétaires[7]. L'une des explications de la conséquence inflationniste des déficits budgétaires est le manque de marchés de capital domestique bien développés qui peuvent absorber de nouveaux bons et obligations émis par les gouvernements concernés[8]. De plus, dans la plupart des pays en développement, la banque centrale est sous le contrôle direct du ministère des finances ou du gouvernement central, ce qui entraîne facilement la création monétaire pour financer les déficits du gouvernement[9]
            L'une des théories monétaristes explicatives de l'inflation causée par les déficits budgétaires est celle de Bruno et Easterly[10]. En se basant surtout sur les expériences des cas du Brésil, du Chili et du Mexique en Amérique latine, et sur les cas du Ghana, de l'Israël et de l'Indonésie sur les autres continents, les auteurs montrent qu'un choc temporaire, comme le dérapage budgétaire de 1979, 1985 et 1989 au Viet-nam, peut provoquer un phénomène de crise d'inflation, qui ne se résorbe qu'avec un certain retard après que la cause du choc soit revenue à la normal[11]. Cette crise d'inflation se définit comme une période de plusieurs années pendant laquelle, le taux d'inflation annuel dépasse 40%, sans pour autant se confondre avec un régime d'inflation chronique, qui dure plus longtemps, avec une inflation forte et régulière[12]. Cette théorie repose sur deux hypothèses principales, d'abord il existe une relation négative à moyen et long terme entre l'inflation et la croissance du revenu, telle que le taux de croissance de ce dernier réagit avec retard, et en sens inverse, aux variations de l'inflation, et ensuite la vitesse de circulation de la monnaie augmente quand les agents privés prévoient une accélération de l'inflation[13].
            D'après l'étude de De Haan et Zelhorst (1990), il existe au moins quatre canaux possibles par lesquels, la création ou l'existence des dettes gouvernementales résultées du déficit budgétaire peuvent conduire à la création monétaire:
            - Pressions politiques pour accommodate les déficits budgétaires,
            - Théorie de seigniorage optimal,
            - Problème d'inconsistance temporelle de politique du gouvernement,
            - Hypothèse de dominance fiscale[14].
            Il est clair que dans les pays en développement, il y a très souvent des pressions politiques envers les autorités monétaires et le système bancaire dans l'utilisation de l'expansion monétaire rapide pour financer les déficits budgétaires du gouvernement puisque les banques centrales sont très souvent dépendante des gouvernements centraux, même dans le cas où elles trouvent leur indépendance, cette indépendance de jure peut ne pas être suffisante à assurer l'indépendance de facto[15]. Pour le deuxième canal, nous avons discuté dans le premier chapitre, dont la conclusion principale est que l'augmentation de la taxe inflationniste originaire de seigniorage monétaire ne compense pas suffisamment la perte causée par l'inflation accompagnant. Kenh 3:p.457
            Le dernier canal est analysé en détail dans l'étude de Sargent et Wallace (1981). La version similaire dans le cas où les déficits budgétaires peuvent causer l'hyperinflation est également analysée par Kiguel (1989). Dans tous les deux cas, selon De Haan et Zelhorst, on suppose la dominance de la politique fiscale par rapport à la politique monétaire, donc l'offre monétaire devient endogène. Si le taux d'intérêt réel dépasse le taux de croissance économique, la dette publique augmentera plus vite que revenu réelle et le public désire absorber la dette publique augmentée, ce qui oblige le gouvernement de prendre l'émission monétaire afin de couvrir ses déficits. Si la capacité de l'absorption des déficits budgétaires du public privé non bancaire est limitée, ces déficits seront absorbés par les banques commerciales ou par l'étranger. Toutefois, les banques commerciales et les étrangers peuvent ne pas toujours être prêts d'absorber de nouveaux bons et obligations de quelques pays en développement, par conséquent, ces pays doivent revenir au recours à l'émission monétaire conformément à la théorie de Sargent et Wallace[16].
            b) La relation entre émission monétaire et inflation:
            Cette relation est le point clé de la théorie monétariste, selon laquelle, l'inflation est toujours et partout un phénomène monétaire et qu'il n'y a pas, par conséquent, de lutte contre l'inflation sans politique monétaire restrictive[17]. La cause immédiate de l'inflation est toujours une croissance de la masse monétaire trop rapide par rapport à celle de la production[18].
L'expérience des siècles passés, pour un très grand nombre pays, montre bien qu'il n'a jamais existé une période longue d'inflation continue qui ne soit accompagnée par une croissance excessive de la masse monétaire à un taux plus élevé que celui de la croissance de la production[19].
            Cependant, dire que l'inflation est un phénomène monétaire ne veut pas dire que l'inflation commence par suite d'une création arbitraire excessive de monnaie ou que la masse monétaire est seule à jouer un rôle dans l'inflation, par contre, l'inflation est un processus continu où les différentes variables jouent successivement le rôle de cause et d'effet, cette phrase veut souligner une chose: seule la variable monétaire est toujours présente dans le processus inflationniste[20].

(à ajouter, si nécessaire, ou cette relation sera présentée dans la partie d'introduction ?)

            1.2) A travers les études empiriques

            De Haan J. and Zelhorst D. (1990) ont utilisé ces théories dans leurs études empiriques pour le cas des 17 pays en développement sélectionnés pour la période 1961-85. A partir de plusieurs équations de régression, ils ont tiré une conclusion paradoxale: tous les résultats n'offrent aucun support pour le hypothèse que les déficits budgétaires influencent la croissance monétaire, il n'y a qu'une seule minorité des pays donnant l'évidence que les déficits budgétaires et la croissance monétaire a une relation positive. Cependant, son dernière conclusion est importante pour le cas du Viet-nam: Il existe une relation positive entre les déficits budgétaires et l'inflation (et croissance monétaire) durant la période de l'inflation rampante[21], c'est à dire, selon eux, quand les taux d'inflation sont supérieurs à 75% par an et le taux moyen est supérieur à 80% pour une période d'au moins de trois ans.
            Dans l'application de la théorie de Bruno et Easterly pour le cas du Viet-nam, on a une prédiction principale que l'augmentation temporaire du taux de déficit budgétaire entraîne une augmentation relativement brutale de l'inflation et de la vitesse de circulation de la monnaie, qui amplifie l'effet de ce choc. Il en résulte un ralentissement temporaire de la croissance, qui ralentit à son tour le mouvement de retour à la normale du taux d'inflation, même après que le taux du déficit budgétaire soit revenu à sa valeur initiale. Selon ce mécanisme, l'inflation dure plus longtemps que le dérapage budgétaire qui la provoque. Ainsi,  les crises d'inflation de 1986-88 serait le résultat du seul choc budgétaire de 1985. La fin de la crise d'inflation en 1989 ne serait donc pas un événement spécifique, mais devrait s'interpréter seulement comme le retour à la situation d'inflation chronique qui prévalait avant 1986[22]. On a en réalité  vu les taux d'inflation de 67,5% de 1990-91 comme une témoignage, la chute nette du taux d'inflation de 1989 en-dessous de la tendance d'avant le crise d'inflation est anormale parce qu'il est influencé par diverses autres mesures anti-inflationnistes menées par le gouvernement vietnamien dans cette année-là. Pareillement, le choc du déficit budgétaire 1979-80 a provoqué l'accélération rapide de l'inflation en période 1981-82, ensuite, l'inflation retourne à la normale en 1983-84 avant d'entrer dans un nouvel choc budgétaire en 1985.

            II- Les crises de monnaie et de devaluations
                 au cours de la transition économique

      A) Le mécanisme de l'émission monétaire dans l'économie centralement planifiée:
            L'amélioration de la situation budgétaire n'est qu'une condition nécessaire à la réduction durable de l'inflation, et elle n'est pas suffisante[23]. Selon plusieurs études internationales, il faut donner à l'économie un point d'ancrage nominal pour contrôler l'inflation et guider les anticipations[24]. Il y a plusieurs choix, mais on destine toujours le rôle prioritaire à la quantité de la monnaie comme point d'ancrage pour le niveau des prix[25].
            Cependant, au Viet-nam, avant 1989, le mécanisme de l'émission monétaire ne permet pas de créer une ancrage monétaire nécessaire. Comme dans les autres économies de planification centralisée, le système bancaire du Viet-nam se caractérise par un mécanisme de l'offre monétaire en deux flux: le flux de l'argent liquide (en espèces et billets) et le flux de chèques. L'argent liquide est créé pour servir  l'achat - vente et la transaction des marchandises des habitants sur les marchés étatique et libre. La plupart des activités dans l'appareil de production de l'Etat sont réalisées par les chèques de compte. Deux sources principales pour mettre en circulation l'argent liquide sont la dépense aux salaires et celle à l'achat par la voie administrative des produits agricoles tandis que le canal principal pour le retirer de la circulation est le chiffre d'affaire des ventes en détail du commerce d'Etat. Pour les chèques, ils sont créés par trois sources: les dépenses budgétaires,  le bénéfice que l'Etat laisse aux entreprises, et le crédit bancaire. Ces deux flux d'offre monétaire ont des relations strictes l'un et l'autre, par exemple quand l'Etat augmente le crédit à l'investissement (chèque), il doit augmenter l'argent liquide pour payer le salaire aux travailleurs.
           Dans le mécanisme de planification centralisée, lorsque le secteur public domine absolument l'économie, tous les moyens principaux de production sont à la propriété de l'Etat et sont sévèrement contrôlés par l'Etat. Les bénéfices des entreprises publiques sont le revenu de l'Etat et transférés au budget. En regardant sa demande de revenu, le gouvernement peut imposer le niveau de prix de vente de ses marchandises plus élevé que le salaire moyen payé aux ouvriers ou aux paysans quand il achète administrativement leurs produits. La différence entre le prix de vente de ses marchandises et la somme payée aux travailleurs crée le bénéfice du secteur d'Etat et ensuite elle est transmise à la banque centrale par deux flux : le flux de liquidités est le chiffre d'affaire des ventes en détail du commerce d'état, et le flux de chèques est celui des prélèvements aux entreprises publiques pour verser au budget d'état. L'Etat prend ces argents pour réinvestir dans des entreprises publiques ou servir sa consommation selon les différents buts. Dans ce système, on n'a pas besoin de sortes des impôts, parce que la responsabilité des versements des entreprises publiques au budget et les frais salariaux aux travailleurs (ouvriers et paysans) sont clairement déterminés. Il suffit d'ajuster le décalage entre prix de vente des marchandises et  salaire payé aux travailleurs pour que le gouvernement puisse élargir ou réduire le niveau de son revenu, et par conséquent, contrôler la monnaie totale et le degré de l'émission monétaire.
            Ce système financier socialiste est simple et semble efficace mais il est facilement bouleversé une fois que sa base, c'est à dire l'économie commandée et le mécanisme de planification centralisée avec les prix administratifs, varie fortement, spécialement dans le cas d’une économie avec un déficit chronique où existe un marché parallèle. Au Viet-nam, les réformes en faveur de l'élargissement du rôle autonome des unités économiques industrielles et du forfait des produits dans l'agriculture débutées en 1980 ont fait rapidement tomber en ruine le système financier sévère précité, cela entraîne une explosion de l'offre monétaire et de l'inflation pendant les années 1980-88. Dans les paragraphes suivants, nous prouverons que ce processus de transformation du mécanisme économique a influencé le système financier sur tous les deux flux de l'offre monétaire (l'argent liquide et le chèque) dont le moteur essentiel était la décentralisation du secteur public et l'explosion des transactions en argent liquide du secteur privé.

          B) La crise de l'émission de la monnaie fiduciaire
         Pour la première source de l'offre monétaire (l'argent liquide), à partir de l'année 1980, au Viet-nam, les paysans ont droit de vendre leurs produits (après avoir accompli la vente obligatoire à l'Etat selon le plan préfixé avec de bon prix) aux marchés d'après le prix négociable, ensuite depuis 1981, le mécanisme à double et triple prix est apparu sur le marché d'état. Le revenu des producteurs augmente et ils ont le droit d'utiliser librement leur argent liquide. Le tableau 3.11 montre qu'après une période de la baisse de sa part relative 1978-80 causée par la politique de nationalisation et de collectivisation de l'Etat, la proportion de vente en détail du secteur privé augmente en 1981. Cependant, elle stagne pendant toute la période 1982-86 malgré le forte développement du secteur privé en période 1981-84. Cette stagnation a l'origine de la politique de l'interdiction de vente transprovinciale appliquée jusqu'en 1987. Depuis cette date, et au fur et à mesure du développement économique, le marché parallèle, où on vend en détail des biens de consommation, de services et de petits moyens de production, se développe rapidement. Son envergure, représentée par sa part relative de plus en plus élevée dans la valeur totale de vente en détail, augmente remarquablement après chaque année grâce à la politique de la libéralisation de prix pas à pas de l'Etat, au développement fort du secteur privé (surtout dans le domaine du commerce), et à la faiblesse de l'Etat dans la gestion économique.

       Tableau 3.11:  Structure de vente en détail dans les secteurs du Viet-nam (%)
Année
Gouvernement
et Collectivité
    Secteur
     Privé
Année
Gouvernement
et Collectivité
    Secteur
      Privé
 1976
        54,9
        45,1
 1986
        58,6
       41,4
 1977
        52,4
        47,6
 1987
        56,8 
       43,2
 1978
        51,4
        48,6
 1988
        49,6
       50,4
 1979
        56,1
        43,9
 1989
        39,2
       60,8
 1980
        60,8
        39,2
 1990
        33,1
       66,9
 1981
        57,6 
        42,4
 1991
        26,9
       73,1
 1982
        59,2
        40,8
 1992
        23,1
       76,9
 1983
        58,6
        41,4
 1993
        21,0
       79,0
 1984
        58,7
        41,3
 1994
        22,0
       78,0
 1985
        58,8
        41,2
 1995
        23,2
       76,8
                      Source :  Bureau général de la statistique du Viet-nam

       D'autre part, beaucoup de marchandises qui se sont échangées en nature, en période de planification centralisée 1954-75, (par exemple l'échange des produits agricoles à la campagne, l'échange des produits agricoles et des matériels entre les paysans et l'Etat) ou en chèques (tous les moyens de production, de capital...) s'échangent aujourd'hui en liquidités. Au Viet-nam, la demande de la monétisation de l'économie se produit rapidement pendant toute la période de l'après guerre.
       Le tableau 3.12 montre qu'en réalité le taux de monétisation de l'économie vietnamienne s'est fortement augmenté durant la période de planification centralisée 1976-81. Voici la conséquence directe de l'accroissement rapide de la masse monétaire dans la condition de maintenir une fixation absolue des prix dans le secteur économique étatique[26]. Lorsque le prix dans ce secteur est graduellement libéré, l'inflation a accru vite, par conséquent, le taux de monétisation de l'économie a baissé. La chute brutale de ce taux en 1981-82 est un témoin.

       Tableau 3.12: Le degré de monétisation de l'économie du Viet-nam (% du PIB)
Indicateurs
 1976 
  1977
  1978
  1979
  1980
  1981
 1982
  1983
  1984
  1985
 M2 + Devises
  10,7
  11,8
  13,1
  14,6
  16,8
  18,3
 18,0
  18,5
  19,4
  18,5
 M2
  10,7
  11,8
  13,1
  14,6
  16,8
  18,3
 18,0
  18,5
  19,4
  18,5
- Argent liquide
   5,9
   6,6
   7,1
   7,1
   8,4
  10,1
 11,4
  12,0
  13,1
  12,5
- Dépôt chèque
   4,8
   5,2
   6,0
   7,5
   8,4
    8,2
   6,6
    6,5
    6,3
    6,0
Indicateurs
 1986 
  1987
  1988
  1989
  1990
  1991
  1992
  1993
  1994
  1995
 M2 + Devises
  20,9
  18,9
  17,8
  26,4
  27,1
  26,5
  24,6
  23,6
  23,6
  22,2
 1) M2
  20,7
  17,7
  16,1
  19,0
  18,3
  15,6
  17,1
  18,2
  18,9
  18,0
-Argent liquide
  10,3
   8,2
   7,1
   8,4
   8,9
   8,4
   9,6
  10,4
  10,7
  10,3
- Dépôt a vue
    8,1 
   6,8
   6,5
   5,7
   3,8
   3,5
   3,8
   3,6
    2,8
   2,5
-Dépôt à terme
    2,3
   2,7
   2,6
   4,8
   5,6
   3,7
   3,7
   4,2
    5,4
   5,2
2) Devises
   0,2
   1,2
   1,7
   7,4
   8,8
  10,9
   7,5
   5,4
   4,7
   4,2
Sources: La Banque d'Etat du Viet-nam.

       Comme l'Etat est toujours le plus grand consommateur et doit payer le salaire à ses employés, pour s'adapter à nouvelle situation de transition de l'économie, il doit accroître de façon continue ses recettes monétaires en émettant en plus la monnaie fiduciaire à la circulation. C'est pour cela que l'on n'est pas surpris de l'augmentation rapide du taux de croissance monétaire. D'autre part, taux d'argent liquide par rapport au PIB a continuellement augmenté tout au long de la période 1976-86, mais baissé en période de l'inflation galopante 1986-88 alors qu'il n'y a pas eu de grand changement du rapport de la masse monétaire nationale M2 sur le PIB. Ce fait est expliqué par la chute du taux de monnaie de chèque que nous allons déborder après. Ensuite, en période d'accélération de réforme 1989-95, on voit aussi une augmentation rapide du taux d'argent liquide par rapport au PIB. De plus, cette évolution s'accompagne l'accroissement fort de la vitesse de circulation de l'argent liquide et le fait que le système bancaire n'est pas transformé au rythme des reformes et la corruption de l'appareil de la banque est de plus en plus grave[27].
       Par la faiblesse de la récupération des liquidités et l'augmentation des dépenses, l'Etat doit obligatoirement mettre en circulation la nouvelle monnaie. En effet, dans le passé, l'Etat se basait sur la rémunération de la vente de détail du commerce d'état car ce secteur est le canal principal pour que la banque d'Etat retire l'argent liquide de la circulation. Or, depuis les grandes réformes, le secteur du commerce est tombé dans la main du secteur privé. La libéralisation du commerce et son développement très rapide dans secteur privé sans des mesures de contrôle monétaire nécessaire ont fait une grande quantité de liquidité émise par la banque centrale ne plus retourner au système bancaire. Elle reste dans le secteur privé et le marché parallèle, circule plusieurs fois en un an, et fait monter l'inflation dans le contexte de la pénurie des marchandises. Bien que le rôle du commerce privé ait vite augmenté et les occasions d'investissement soient multipliées, le gouvernement continue d'utiliser la politique du taux d'intérêt réel négatif qui décourage en plus le retour de l'argent liquide en circulation au système d'épargne de l'Etat. L'accroissement rapide de la quantité de l'argent liquide est une cause importante des pressions inflationnistes et par conséquent, l'inflation s'est donc amplifiée rapidement.

          C) La crise de l'émission de la monnaie de chèque
        La deuxième source de mécanisme de l'offre monétaire au Viet-nam est le chèque de la banque. Tandis que l'offre monétaire en liquidités est influencée par le développement du secteur économique de marché et le degré de plus en plus élevé de rotation monétaire, l'offre monétaire en chèque dépend des relations compliquées du système financier socialiste et du secteur des entreprises publiques qui sont en cours d'être décentralisés.
       Comme nous avons dit plus haut, le flux de monnaie de chèque consiste en trois sources: les dépenses budgétaires, le bénéfice que l'Etat laisse aux entreprises, et le crédit bancaire. Pour la première composante, auparavant, les entreprises publiques étaient le plus grand contribuable au budget, donc la dépense budgétaire à ce secteur occupe la proportion la plus importante dans l'offre totale de chèques. Le crédit bancaire n'a qu’un rôle de soutien afin que les activités des entreprises publiques se produisent exactement d'après le plan prévu. Si une entreprise n'a pas suffisamment de capital pour acheter des moyens ou des matériels nécessaires servant la production d'après le plan car l'Etat n'offre pas encore le financement, la banque d'Etat va verser un crédit pour assurer l'activité normale de l'entreprise. C'est ce que J. Kornai et R.I. McKinnon appellent la contrainte budgétaire souple dans leur explication de la faible efficacité de l'économie centralement planifiée. Quand la planification de la production et de la finance s'exerce exactement, surtout si le crédit est remboursé à la banque tout de suite après le versement financier du budget, l'offre du crédit est sérieusement contrôlée et par conséquent, elle influence faiblement l'offre de chèques.  
            Cependant, on a constaté dans le chapitre 1 que la crise des recettes budgétaires est une caractéristique générale des économies socialistes durant le processus de reforme et Viet-nam n'est pas le cas spécial. Le processus de la libéralisation économique au Viet-nam a aussi entraîne une crise de recettes budgétaires parce que le gouvernement ne peut plus percevoir les impôts implicites provenant du secteur public (tableaux 1.3, chapitre 1). Il existe plusieurs causes, dont les quatre principales sont comme suit: (1) Le processus de décentralisation de gestion en réalité a transmis le droit de contrôle des entreprises à la propriété publique aux mains des entreprises indépendantes, des gouvernements locaux ou des patrons privés. C'est pour cette raison que le nombre d’entreprises qui doivent transférer l'impôt direct (implicite) au budget, est réduit; (2) Les reformes fiscales permettent aux entreprises de garder une partie de leur bénéfice pour la reproduction et le réinvestissement, donc le rendement de l'impôt doit baisser; (3) Quand les entreprises publiques deviennent plus indépendantes, le bénéfice les conduira de s'éloigner de commandement direct de l'Etat. Par conséquent, la collection fiscale de l'Etat à l'égard de ces entreprises a l'air de voler leurs bénéfices, donc elles cherchent toutes les façons possibles pour éviter de payer l'impôt; (4) Bénéficieur de la décentralisation du secteur économique public, le secteur économique privé se développe fortement mais l'Etat retarde dans la rénovation des mesures de collection fiscale envers de ce secteur, et en même temps des fraudes fiscales dans le secteur privé se multiplient très rapidement. Par conséquent, non seulement le nombre des entreprises publiques imposées est réduit mais aussi le taux d'imposition diminue. Tout cela entraîne une forte baisse des recettes budgétaires et donc la crise du déficit budgétaire. Ainsi, la chute spectaculaire des recettes budgétaires issues du secteur public a entraîné le fait que l'Etat a du fortement diminuer le financement budgétaire direct aux entreprises publiques, ce qui a enfin provoqué une diminution rapide de la monnaie en chèques dans la circulation. Voici la cause principale de la chute du taux de monnaie de chèque par rapport au PIB en période 1981-86 comme l'indique le tableau 3.12.
          En ce qui concerne la deuxième composante de l'offre de chèques (comptes de dépôts des entreprises publiques à la banque), elle a aussi la tendance à diminuer parce qu'il y a quatre raisons: (1) La production des entreprises publiques baisse au fur et à mesure des reformes (par l'élimination des entreprises en perte ou en faillite, transmission du droit de propriété...); (2) Quand les entreprises deviennent plus indépendantes, elles cherchent à diminuer leurs dépôts à la banque d'état pour échapper au contrôle et à l'imposition sur leurs bénéfices; (3) Le mécanisme bancaire dans la condition de pénurie et de transition crée un appareil de corruption, c’est pourquoi les entreprises ne veulent pas déposer leur argent à la banque d’état monopoliste afin d'éviter la commission payée au personnel de la banque; (4) Lorsque l'Etat crée des contraintes strictes entre la somme des dépôts avec les droits de bénéficier les priorités comme le droit de recevoir de moyens de production à prix moins chers, le droit de recevoir de quotas d'exportation, importation, ou le droit d'emprunter facilement le crédit bancaire à taux d'intérêt bas, ces entreprises publiques trouvent aussi la façon d'y faire face: Il suffit de créer des entreprises-mère, ces mères déposent à la banque une somme suffisante pour accéder aux priorités, ensuite elles passent ces priorités au nombre illimité des entreprises-enfant où on fait des vraies affaires et gagne des bénéfices non-contrôlables et non-imposables.
            Donc, pour l'économies vietnamienne depuis le commencement de reforme économique jusqu'en 1992, lorsque la discipline financière n'est pas restaurée, plus sont rapides la libéralisation et le développement de l'économie de marché, plus est élevé le degré d'indépendance des entreprises publiques. Cela conduit à une perte importante des recettes budgétaires, une baisse des dépenses budgétaires à ce secteur et une chute continue de deux sortes monétaires: le financement du budget et les dépôts des entreprises publiques à la banque. En revanche, pour sauver ces entreprises, l'Etat doit donc relâcher sa politique de contrôle de crédit et prendre le crédit bancaire comme le moyen de refinancement à ses entreprises. Par la déchéance de vertu dans la gestion des entreprises publiques au cours de la transition vers l'économie de marché, par la qualité de plus en plus base des équipements et le manquement sérieux des matières premières nécessaires, l'efficacité des activités économiques du secteur public a tendance à baisser (surtout depuis les crises monétaires 1985), l'Etat vietnamien a dû de nouveau accroître les subventions de crédit à ce secteur. La plupart de la valeur des crédits est en monnaie de chèque, donc l'expansion rapide de la monnaie de chèque a provoqué des tension inflationnistes et l'inflation.
            Ainsi, dans la transition depuis 1986-87, le crédit bancaire, la troisième composante de chèque, devient la source principale et presque unique de financement des entreprises publiques et des dépenses budgétaires du gouvernement. Cette sorte de monnaie augmente vite puisque quand la banque centrale ne peut plus récupérer les liquidités émises, elle doit diffuser en plus la monnaie en chèque dans la circulation, donc la quantité monétaire doit augmenter. De plus, dans un contexte de développement spontané de l'économie de marché et d’un manque des lois nécessaires, le gouvernement doit prêter crédit à des conditions de plus en plus souples pour tenter de ramener les entreprises sous son contrôle. Cela, d'une part, fait baisser l'efficacité du mécanisme de marché car ce mécanisme exige l'amélioration de compétitivité du secteur public, et d'autre part fait monter fortement les nouvelles subventions aux entreprises ainsi que les pertes des banques commerciales. Enfin, les pertes des banques commerciales publiques oblige la Banque centrale à élargir son offre monétaire pour compenser, ce qui devient rapidement la source importante de la nouvelle hausse des prix.
   Si avant 1987, toutes les subventions budgétaires pour les entreprises publiques sont directement réalisées à travers le budget, la situation est différente depuis cette date: elles sont réalisées principalement par le crédit du système bancaire étatique. Ainsi, si l'on ne regarde que l'évolution des déficits budgétaires pour analyser l'inflation, les pressions inflationnistes, résultées des dettes très grandes de crédits non-remboursables (environ 10% du PIB), seront sous-évaluées. C'est pour cela que Fforde et D Vylder (1996) pensent que dans le programme de stabilisation économique du Viet-nam pendant les années 1990, la suppression des subventions budgétaires de caractère inflationniste est une condition nécessaire, mais insuffisante, il faut encore restructurer de façon urgente le secteur public avec la diminution dramatique des dépenses et crédits non essentiels.

            D) La crise des dévaluations et la dollarisation de l'économie
            Le phénomène de la dollarisation de l'économie se passe non seulement au Viet-nam, mais aussi dans plusieurs pays en développement et en transition. Il se présente comme une monnaie utilisée parallèlement avec la monnaie nationale et ayant les fonctions complètes de la monnaie nationale.
            Le phénomène de la dollarisation de l'économie vietnamienne s'illustre par les deux faits principaux: 1) Le dollar est largement utilisé dans les entreprises et dans la société. Diverses prix de marchandises sont calculés en dollar et publiés ouvertement et légalement dans les médias. Il est considéré comme le moyen efficace de réserve de valeur contre l'inflation. Il est aussi la monnaie utilisée largement dans l'économie souterraine et dans le commerce clandestin. 2) Toutes les banques commerciales au Viet-nam sont autorisées de faire l'affaire en dollar. Elles peuvent mobiliser les épargnes, vendre les bons, les obligations et les effets bancaires directement en dollar. En revanche, plusieurs banques sont autorisées de prêter en dollar. L'Etat vend aussi les bons et obligations en dollar.
            On peut affirmer sans doute que la cause de la dollarisation de l'économie vietnamienne est la conséquence directe des crises d'inflation consécutives depuis 1980. Avant cette date, toutes les activités dans l'économie se son passées avec la monnaie locale. Le dollar est utilisé uniquement dans l'objectif de garder la valeur d'épargne de long terme dans de riches familles au Sud Viet-nam. Après cette date, avec l'accélération du taux d'inflation accompagnant des dévaluations consécutives, la monnaie nationale perd progressivement sa fonction de réserve de valeur. Cela pousse les agents économiques et les habitants d'utiliser le dollar comme moyen de réserve.

            Graphique 3.5: Taux d'inflation et taux de dévaluation annuels (%)
      

            Selon Azam[28], la dollarisation, qui est difficile à observer de manière quantitative mais attestée par tous les observateurs, est l'un des facteurs principaux déterminant l'évolution des comportements de détention d'encaisses au cours de la période de crise d'inflation du Viet-nam. Il estime que la dollarisation permet de résoudre deux problèmes auxquels les vietnamiens ont dû faire face: d'abord, la crise d'inflation a incité les agents à substituer des dollars aux dôngs vietnamiens dans leurs portefeuilles afin de se protéger contre l'érosion monétaire puisque les taux d'inflation observés en 1986-88 rendaient la détention de dong très coûteuse en pouvoir d'achat; et ensuite, gouvernement a été assez lent à proposer de nouveaux billets de monnaie locale en coupures suffisamment grosses pour tenir compte de la hausse des prix. De plus, les comptes-chèques n'existent pas pour les ménages au Viet-nam et ne sont utilisés par les entreprises que dans le secteur formel. Au coeur de la crise d'inflation, les petites coupures usuelles de monnaie locale entraînaient des coûts de transaction non négligeables, bien illustrés par l'intervention de la machine à compter les dôngs utilisée jusqu'à maintenant. On pouvait les éviter en utilisant des dollars dans les transactions usuelles. Ainsi, les dollars ont pu jouer un rôle positif pour le bien-être de la population, aussi bien comme réserve de valeur à l'abri de l'inflation, que comme moyen de paiement permettant de réduire les coûts de transaction plus efficacement qu'en utilisant la monnaie locale.
            On voit, au Viet-nam, un phénomène identique dans plusieurs pays Amériques latins[29]: Après chaque grande dévaluation, le taux de la monnaie en général et des dépôts en particulier par rapport au PIB diminue fortement tandis que le taux de devises par rapport au PIB augmente[30]. Les données du tableau 3.12 et le graphique 3.5 prouvent cette remarque pour les dévaluations en 1981, 1986-88 et 1991. Voici le résultat de la spéculation des devises. Spécialement, en période 1976-80, le taux de déficit budgétaire était très élevé, mais le taux d'inflation était toujours aux alentours de 20%. En revanche, le taux de déficit budgétaire de la période 1986-88 était beaucoup plus bas, mais le taux d'inflation devenait très élevé, entre 223 et 775% par an. Cette différence résulte sans doute de changement de comportement des habitants: la faible demande de la monnaie domestique après des années d'inflation élevée, la montée du rôle des devises fortes comme les moyens de réserves contre l'inflation, dans cette situation, la légalisation des dépôt en devises est nécessaire à la restauration de la confiance dans monnaie nationale au cours de cette période de crises, et en même temps, cette politique permet le gouvernement d'attirer une part importante des devises en circulation au système bancaire pour financer son déficit de balance de paiement[31]. Si l'on suppose que la quantité de billets en dollars utilisés dans les transactions est grossièrement proportionnelle au niveau des dépôts en devises, on voit que la dollarisation s'est approfondie au cours du temps, pour atteindre un maximum en 1991, avant de refluer progressivement à partir de la désinflation durable de 1992[32].
            Donc on peut penser  que la politique de confiance suivie par le gouvernement vietnamien, comprenant notamment l'adoption d'un régime de convertibilité interne quasiment parfaite, et la légalisation des dépôts en devise étrangère, a renforcé la crédibilité de sa politique de lutte contre l'inflation[33].

            III- Les conséquences inflationnistes du financement
                   monétaire  du déficit budgétaire

            Plusieurs auteurs pensent que les mesures de stabilisation économique et de lutte contre l'inflation au Viet-nam sont plutôt proches à l'optique orthodoxe du Fonds Monétaire International, c'est à dire repose davantage sur les mesures monétaire[34]. Irvrin affirme évidement que le Viet-nam a expériencé l'inflation très élevée dans les premières étapes de réforme et il l'a résoudre par l'adoption du programme de stabilisation de style FMI en 1989[35]. Plus précisément, la réduction de l'inflation au Viet-nam s'appuie sur une réduction du déficit budgétaire et sur des réformes institutionnelles dans le domaine monétaire, qui ont visé à instaurer la confiance[36], parce que la cause essentielle de l'inflation du Viet-nam est l'excédent des dépenses budgétaires et donc les déficits budgétaires, la plus grande partie des recettes budgétaires couvrent à peine les dépenses régulières; les investissements pour le développement ne peuvent que provenir de l'aide étrangère et des emprunts faits à l'étranger[37].
            Cependant, le déficit budgétaire ne cause l'inflation qu'en cas de recours à l'émission monétaire à le financer. Le graphique 3.6 ci-dessous montre qu'une partie majeure du déficit budgétaire du Viet-nam en période 1981-90 est financée par l'émission monétaire. Ce phénomène nous demande d'étudier la relation de causalité entre le déficit budgétaire, l'émission monétaire et l'inflation. C'est ce que nous allons étudier dans ce paragraphe.

     1. Les déficits budgétaires - la cause majeure
                        des crises d'émission monétaires

            A) La relation déficit budgétaire - croissance monétaire
            Dans la section II, nous avons analysé les mesures de financement du déficit budgétaire par l'emprunt domestique et l'emprunt étranger. Le reste du déficit budgétaire est donc financé par le recours à la mesure de la diffusion de la monnaie.
            Bien que le sixième congrès du PCV, en décembre 1986, décide de stabiliser l'économie, en luttant contre l'inflation, le déficit public (particulièrement alarmant en 1985), et les dépenses publiques excessives[38], avant 1990-1991, l'émission monétaire s'est produite automatiquement d'après la demande de l'économie et du gouvernement. Elle est, en partie, légalisée par une disposition de l'ordonnance sur la Banque centrale (1990) et la loi budgétaire (1996) prévoyant que les déficits budgétaires peuvent être financés par des avances de la Banque centrale. En fait, d’après l’article 29 de l’Ordonnance sur la Banque d’Etat en 1990 et renouvelé dans la loi du budget d’Etat du 23 Mars 1996, l’Etat a le droit d’emprunter à la Banque centrale, cette loi n’exige pas qu’il doit rembourser avant la fin de l’année fiscale. Cependant, la résolution du Comité Centrale du Parti (deuxième réunion, septième session en 1992) a préconisé de ne plus utiliser l’émission monétaire pour compenser le déficit budgétaire; si les recettes n'atteignent pas encore le plan, le Trésor d’Etat diffuse les bons pour financer provisoirement. En réalité, selon plusieurs économistes compétentes du Viet-nam, cette recommandation a été radicalement respectée pendant deux ans 1992-1993, mais depuis 1994, la Banque a du avancer provisoirement l’argent au Trésor d’Etat sans le remboursement à la fin d’année, c’est à dire en nature, le gouvernement vietnamien a implicitement repris l’émission monétaire à ses dépenses[39].
           
            Graphique 3.5: Le taux d'inflation et le taux de financement du déficit budgétaire
                                    par l'émission monétaire (%)
          

            Le graphique 3.5 montre une forte progression de l'expansion monétaire à financer les déficits budgétaires. Durant la période 1981-1985, le déficit budgétaire était équivalent à 10,9% du PIB par an, dont 30,6% seulement sont monétisés alors que l'emprunt étranger finance jusqu'à 65,7%, ainsi l'inflation est de moins de 100%. Par contre, dans la période de 1986 - 1989, ce déficit est essentiellement financé par l'émission monétaire: 64%, ce qui relève l'inflation à 3 chiffres. Pendant les 2 années 1990-1991, la quantité monétaire émise pour financer le déficit budgétaire diminue très vite et depuis 1992, l'Etat n’utilise plus cette mesure. Cela correspond à une baisse régulière du taux de l'inflation.
            Pour plusieurs pays en développement, l'inflation fait baisser la valeur en termes réels des recettes fiscales et dans plusieurs cas, cette chute (et l'augmentation du déficit budgétaire) devient un facteur contribuant au processus inflationniste lorsque les gouvernements concernés financent leurs déficits fiscaux en imprimant nouveaux billets de monnaie[40]. Dans le cas du Viet-nam, on voit clairement que la cause directe de l'inflation est le déséquilibre de l'offre et de la demande monétaire, lors que la demande de la monnaie nationale baisse, l'inflation doit augmenter; cependant, on doit compter encore sur la cause plus profonde, ce sont les pertes des recettes budgétaires et les augmentations des déficits du gouvernement[41]. Ainsi, les déficits budgétaires persistants du Viet-nam nourrissant l'inflation et l'inflation élargit les déficits budgétaires par le canal des dépenses budgétaires pour couvrir les subventions, les salaires des employés d'Etat et les pertes des entreprises publiques (Afor 31)
            D'après Azam (1995), le déficit budgétaire de l'Etat joue certainement le rôle central dans la stabilisation monétaire et de prix, dans la mesure où aucune réforme monétaire ne peut réussir en présence d'un déficit budgétaire important[42]. Il souligne encore que les actions menées dans le domaine monétaire ont sans doute aussi joué un rôle positif, au cas du Viet-nam probablement, il s'est instauré un cercle vertueux où la stabilisation monétaire favorise la croissance économique, qui favorise à son tour, un situation monétaire saine, notamment la politique du taux d'intérêt a aussi joué un rôle important dans la situation avec des taux réels positifs à partir de 1989, dans le cadre d'une politique de libéralisation du secteur bancaire[43].
            D'après Cuong et al., si l'on regarde l'évolution du déficit budgétaire au Viet-nam depuis 1986, elle demeure comparable à celle de l'Indonésie et de la Malaisie, deux pays en pleine expansion économique, mais dont l'environnement macro-économique est remarquablement stable: entre 1987 et 1992, par exemple, le déficit y a été en moyenne de 5% du PIB par an, alors que celui du Viet-nam se chiffrait à 4,7%. De plus, son niveau relativement faible au Viet-nam en 1986 et 1987 n'a eu aucune conséquence sur l'inflation. En d'autre terme, le niveau du déficit budgétaire n'est pas une contrainte macro-économique en soi: le problème réside dans son financement[44]. Au Viet-nam, faute de ressources disponibles aussi bien intérieures qu'extérieures dans les années 80, les autorités vietnamiennes ont été le plus souvent poussées à financer le déséquilibre des comptes de l'Etat par création monétaire, d'où la mise en avant par les experts occidentaux d'une relation entre déficit budgétaire et inflation au Viet-nam[45].
            L'un des événements marquant de la période après 1989 est le fait que le gouvernement vietnamien pose la priorité sur les politiques de lutte contre l'inflation et la relation entre ces politiques avec la demande de subvention des entreprises publiques, il a fortement coupé ces subventions, notamment après le retour de l'inflation élevée des années 1990-91[46]. Fforde et Gondstone estiment que la création de la confiance envers le système bancaire et la monnaie vietnamienne est peut-être la raison la plus importante dans la victoire relative du Viet-nam dans la lutte contre l'inflation en 1989 parce qu'elle a permis d'attirer une grande quantité de la monnaie excédentaire dans l'économie au système bancaire[47]. En outre, on propose d'augmenter le facteur de confiance pour la population[48] et le gouvernement vietnamien s'est montré très déterminé à jouer une politique de confiance au cours de la période de réformes depuis 1989[49]. Toutes ces mesures ont un rôle important de réduire la quantité de la monnaie excédentaire dans circulation au système bancaire.
            Dans cette situation, les mesures de stabilisation en 1989 se portent le caractère provisoire, on attaque essentiellement sur les phénomènes transparentes de l'inflation plutôt que les causes profondes, l'attirance d'une grande quantité monétaire vers les banques ne peut plus se produire pour une autre fois dans la situation des déficits budgétaires encore très élevés. C'est pour cela que depuis 1991, l'Etat a du mener de fortes mesures afin de baisser ses déficits en combinant la réduction des dépenses et l'augmentation des recettes, notamment en supprimant les subventions envers les entreprises d'Etat[50]. Heureusement, depuis 1992, plusieurs entreprises publiques fonctionnent en bénéfice, ce qui crée une condition favorable aux nouvelles mesures de l'Etat[51].
            D'après Azam (1995), on peut trouver dans la politique budgétaire du Viet-nam un facteur explicatif important de l'événement de l'inflation, le taux d'inflation semble réagir avec un retard d'environ un an aux grands changements de la part du déficit budgétaire dans le PIB; il s'agit du déficit consolidé, prenant en compte à la fois les finances de l'Etat central et celles des provinces et districts[52]. D'après Guillaumont S. (1993), la volonté du gouvernement vietnamien de renoncer la création de monnaie pour financer son déficit budgétaire depuis 1992 se justifie bien dans le contexte monétaire de l'économie vietnamienne. En effet, selon elle, les encaisses monétaires en dollars (billets de banque et dépôts libellés en dollars) échappent à la taxe d'inflation, puisque l'inflation nationale entraînant tôt ou tard une hausse du cours du dollar sur le marché des changes, les encaisses en devises sont automatiquement réévaluées en dông, il en résulte qu'un déficit budgétaire financé par la monnaie a un effet inflationniste plus important qu'en l'absence de dollarisation, et comme l'inflation tend à accroître progressivement la dollarisation de l'économie (les agents économiques cherchant à protéger le pouvoir d'achat de leurs encaisses), le rendement de la taxe d'inflation diminue parallèlement[53].
            La situation macro-économique depuis le début des années 90 est un bon contre-exemple à l'argument monétariste: en effet, les regains inflationnistes en 1990 et 1991 contrastent avec un déficit budgétaire pourtant en réduction rapide. Ce phénomène peut s'expliquer par le simple fait que le système bancaire a continué à financer le déficit budgétaire de l'Etat sans bénéficier d'une base de dépôts aussi large que celle de 1989, où la combinaison d'une hausse massive des taux d'intérêt et d'un déversement important d'or et de dollar par les autorités a incité les ménages à détenir des dépôts en dôngs[54].
            L'année 1993 est un deuxième contre-exemple à la relation défendue par le IMF entre le déficit budgétaire et l'inflation: la hausse rapide des dépenses publiques résultée de la construction de la ligne de haute tension électrique reliant le Nord au Sud et de la poursuite de la réforme des salaires dans la fonction publique amorcée en 1991, a creusé le déficit de l'Etat (en dépit d'une élévation continue des revenus budgétaires) sans que cela ait conduit à une accélération de l'inflation. Cela tient au simple fait que les autorités ont substitué depuis 1992 les titres publics à la création monétaire dans le financement du déficit budgétaire, au prix cependant d'un coût excessif compte tenu de la poursuite d'une politique de taux d'intérêt élevé[55]. Pour la ligne de haute tension électrique qui coûte estimé un quart des dépenses en capital totales de l'Etat, elle a été financée en majeure partie par l'emprunt étranger à taux d'intérêt commercial[56].
            Les taux d'intérêt réels payés aux dettes publiques deviennent de plus en plus élevés, ce qui signifie que le déficit budgétaire depuis 1990 est encore créé par les moyens de financement du déficit budgétaire non-inflationniste: l'emprunt domestique.
           
             B) L'étude empirique sur la causalité entre le taux de
             déficit budgétaire et l'émission monétaire au Viet-nam
            Dans le paragraphe précité, d'après l'optique monétariste, l'émission monétaire est antérieure au déficit budgétaire. Cette direction de causalité peut être débordée par une étude économétrique entre ces deux variables pendant les deux périodes: période complète depuis 1976 à 1995 et période de la politique monétaire expansionniste 1976-91.
            Le taux des déficits budgétaires par rapport au PIB, appelé DEFPIB, a été choisi comme indicateur de l'évolution des déficits budgétaires. En même temps, le taux de la quantité des monnaies par rapport au PIB représente l'évolution du niveau des émissions monétaires. Comme il existe couramment au Viet-nam trois indicateurs monétaires: l'argent liquide (MO), la masse monétaire nationale (M2) comprenant l'argent liquide et la monnaie de chèque, et la masse monétaire au sens plus large (M2D), comprenant M2 et les devises, on appelle leur taux par rapport au PIB, MOPIB, M2PIB et M2DPIB respectivement. Le tableau 3.14 montre la stationnarité en niveau de toutes les variables utilisées, donc nous pouvons utiliser le test de causalité de Granger pour examiner la probabilité du sens de causalité entre le taux des déficits budgétaires et les taux d'émissions monétaires.

            Tableau 3.14: Tests de stationnarité en niveau (1976-95)
   Variables
 Statistique de test ADF
Valeur critique
Seuil de critique
1- DEFPIB
          -5,068
            -4,574
                1%
2- MOPIB
          -2,816
            -2,661
               10%
3- M2PIB
          -2,949
            -2,661
               10%
4- M2DPIB
          -3,160
            -3,040
                5%   

            Les tests économétriques de causalité au sens de Granger pour les couples éventuels (DEFPIB, MOPIB), (DEFPIB, M2PIB) et (DEFPIB, M2DPIB) sont reportés dans le tableau 3.15. Ils sont faites avec cinq niveaux de retard. Le critère du rejet de l'hypothèse Ho (Ho = non-causalité au sens de Granger) est que la statistique F doit dépasser un seuil critique ou la probabilité doit être inférieur au seuil de 10-15%. Dans ce cas, au moins l'un des coefficients de la variable explicative de causalité est différent à  zéro, c'est à dire il existe une relation de causalité au sens de Granger.

            Tableau 3.15: Tests de causalité entre taux des déficits budgétaires et
                        taux des masses monétaires par rapport au PIB 1976-1995 (%)
Les variables et
Nombre de retard
  L'émission monétaire ne cause
       pas le déficit budgétaire
  Le déficit budgétaire ne cause
      pas l'émission monétaire

   F-Statistique
  Probabilité (%)
   F-Statistique
  Probabilité (%)
MOPIB, DEFPIB
    1 an
    2 ans
    3 ans
    4 ans
    5 ans

       0,3334
       0,1626
       0,9826
       0,9303
       0,9302      

       0,5717
       0,8516
       0,4394
       0,4981
       0,5431

       0,0389
       0,0939
       0,1253
       2,3604
       5,3554

        0,8462
        0,9110
        0,9430
        0,1515
        0,0645  
M2PIB, DEFPIB
    1 an
    2 ans
    3 ans
    4 ans
    5 ans

       1,1132
       0,7546
       1,4988
       0,4121
       0,7614 

       0,3071
       0,4897
       0,2741
       0,7953
       0,6212 

       0,2605
       5,1067
       2,7889
       3,6382
      11,0275

        0,6167
        0,0230
        0,0955
        0,0656
        0,0186
M2DPIB, DEFPIB
    1 an
    2 ans
    3 ans
    4 ans
    5 ans

      10,0390
       6,5467
       3,6799
       1,9233
       1,1359

       0,0060
       0,0108
       0,0510
       0,2114
       0,4638

       0,2334
       2,5650
       1,5058
       2,2240
       2,4720           

        0,6356
        0,1151
        0,2724
        0,1677
        0,2006

            Les résultats sont significatifs et observables, ils montrent clairement que, d'une part, les variables monétaires MOPIB et M2PIB ne causent pas l'évolution du taux des déficits budgétaires, et d'autre part, les valeurs passées du taux des déficits budgétaires ne causent pas l'évolution du taux de monnaie fiduciaire par rapport au PIB. Par contre, d'après les chiffres noircis, l'hypothèse de causalité dans le sens du taux de la monnaie nationale totale M2 par rapport au PIB, au taux des déficits budgétaires est soutenue, avec de deux à cinq retards, aux seuils respectifs de 2,3%; 9,5%; 6,6% et 1,9%. En revanche, avec un retard, on ne peut pas rejeter l'hypothèse nulle que le taux des déficits budgétaires ne cause pas l'évolution du taux d'émission de la monnaie M2. D'autre part, avec 4-5 retards, l'offre monétaire fiduciaire est influencée par le déficit budgétaire, aux seuils de 15% et 6,5%. Ainsi, le déficit budgétaire a une influence sur l'accroissement de la masse monétaire.
            Dans le cas de causalité entre le taux des déficits budgétaires et le taux de monnaie au large sens M2D (y compris les devises) par rapport au PIB, on trouve que le taux de monnaie influence fortement le déficit budgétaire avec 1,2 et 3 de retards aux seuils de 0,6%, 1,1% et 5,1% respectivement. En revanche, le taux des déficits budgétaires influence faiblement l'émission monétaire avec deux retards, au seuil de 11,5%. Cependant, avec les autres niveaux de retard, il n'existe pas de relation de causalité allant du déficit budgétaire à l'augmentation du M2DPIB. Ainsi, le flux des devises entrant dans le pays a stimulé l'augmentation du déficit budgétaire car cette augmentation est financée par les ressources étrangères elles-mêmes.
            Dans le cas des tests pour la période 1976-91, reportés dans le tableau 3.16, les résultats sont un peu différents. D'une part, il n'existe pas de relation de causalité entre le déficit budgétaire et l'émission monétaire fiduciaire comme le test pour la période 1976-95. D'autre part, on trouve une relation de causalité de deux sens entre le déficit budgétaire et l'émission de la monnaie totale M2. Ces phénomènes s'expliquent par le recours principal à la monnaie de chèque pour financer le déficit budgétaire, résulté par la subvention aux entreprises publiques. Pour la relation de causalité entre le M2D et le déficit budgétaire, on trouve un seul sens de causalité allant de l'offre monétaire au déficit budgétaire.

            Tableau 3.16: Tests de causalité entre taux des déficits budgétaires et
                        taux des masses monétaires par rapport au PIB 1976-1991 (%)
Les variables et
Nombre de retard
  L'émission monétaire ne cause
       pas le déficit budgétaire
  Le déficit budgétaire ne cause
      pas l'émission monétaire

   F-Statistique
  Probabilité (%)
   F-Statistique
  Probabilité (%)
MOPIB, DEFPIB
    1 an
    2 ans
    3 ans
    4 ans

       0,4850
       0,3082
       0,4116
       0,3563      

       0,4994
       0,7422
       0,7508
       0,8279

       0,4967
       0,0338
       0,1282
       1,9021

        0,4944
        0,6970
        0,9399
        0,3122
M2PIB, DEFPIB
    1 an
    2 ans
    3 ans
    4 ans

       3,1480
       2,3684
       1,7119
       1,2404

       0,1014
       0,1491
       0,2632
       0,4475

       2,0009
       4,3014
       4,6831
       1,8485

        0,1826
        0,0488
        0,0516
        0,3205
M2DPIB, DEFPIB
    1 an
    2 ans
    3 ans
    4 ans

       8,6077
       6,4013
       4,7655
       2,7049

       0,0125
       0,0187
       0,0498
       0,2199

       0,0174
       1,8928
       1,1072
       2,1467

        0,8973
        0,2058
        0,4166
        0,2782

            Ainsi, d'après les tests de causalité de Granger, on peut constater qu'en cas du Viet-nam, l'évolution des émissions monétaires nationales ne cause pas l'évolution des déficits budgétaires, tandis que les déficits budgétaires influencent fortement les émissions monétaires au sens qu'une augmentation du taux des déficits budgétaires provoque celle de la masse monétaire. Cependant, les variations des déficits budgétaires n'influencent pas directement celles de la monnaie fiduciaire, elles n'influencent que les variations de la quantité de la monnaie nationale totale M2. Cela reconfirme la crise d'émission monétaire de chèque en période de transition, résultée des déficits budgétaires qui sont d'origine de la crise du secteur des entreprises publiques puisque seul ce secteur utilise la monnaie de chèque. Une autre remarque est que les devises entrant dans le pays a contribué de façon importante à l'accroissement du déficit budgétaire.

            II. La relation croissance monétaire - inflation     

            A) La relation croissance monétaire - inflation au Viet-nam selon les économistes

            Azam a montré que le comportement du déficit budgétaire consolidé de l'Etat, en pourcentage du PIB est sans doute un bon prédicateur du taux d'inflation, qui semble réagir avec un retard d'un an environ, aux grands changements de la politique budgétaire, et la politique de rigueur budgétaire suivie à partir de 1991 expliquerait aussi le ralentissement durable de l'inflation à partir de 1992[57]. Cependant, il a aussi reconnu que la politique budgétaire ne peut pas expliquer à elle seule l'évolution du niveau général des prix et l'on doit s'intéresser également à la politique monétaire suivie par le gouvernement vietnamien[58]. Celle-ci se caractérise d'abord par la recherche de la confiance en légalisant la dollarisation du pays, en autorisant les agents privés à détenir des comptes en devises auprès des banques et en garantissant une convertibilité quasi-parfaite du dong sur le plan interne; ensuite par une réforme bancaire importante, jouant à la fois sur la politique du taux d'intérêt réel positif et sur la création de nouvelles banques, et enfin par une libéralisation du commerce extérieur, qui a sans doute joué un rôle dans la lutte contre l'inflation (p51)
            Dans la période 1976-80, l'inflation apparaît au Viet-nam et elle augmente rapidement depuis 1981, accompagnant la récession économique, donc il apparaît un point de vue qu'il faut développer la production afin de lutter contre l'inflation puisque la production est la racine, si la production ne développe pas, il n'y aura pas de marchandises pour satisfaire la demande de la société, par conséquent, l'inflation ne peut être pas repousser[59]. C'est par de ce point de vue que pendant toute la période 1981-88, le parti et le gouvernement ont mené plusieurs mesures, telles que l'arrangement de la production, l'amélioration de la gestion dans l'industrie, l'agriculture et le commerce, visant à éliminer la récession et encourager la production; de plus, l'Etat a renforcé de subventionner à la production à travers la politique de crédit expansionniste, du taux d'intérêt bas, prioritaire, du prix d'intrant bas... pour aider les entreprises de dépasser les difficultés et de reprendre la production. En réalité, la politique financière, monétaire expansionniste et les autres priorités de plus en plus élevées ne font pas augmenter la production, par contre, elles causent la conséquence inflationniste[60].
            Selon les données statistiques vietnamiennes de la période 1985-91, l'accroissement de la quantité monétaire de 1% risque de pousser le prix à la hausse d'au moins de 2%, avant 1985, ce rapport est encore au niveau 1% contre 0,8% (Xuan,37)

            B) L'étude empirique sur la causalité entre le taux de croissance
                 des masses monétaires et le taux d'inflation au Viet-nam

            Pour tester la relation de causalité entre la croissance monétaire et l'inflation au Viet-nam, comme dans le cas de la relation déficit budgétaire - monnaie, nous choisissons tous les trois indicateurs monétaire MO, M2 et M2D. Etant donné la non- stationnarité des variables utilisées, nous devons prendre en compte des premières différences. Le tableau 3.17 montre la stationnarité des variables en première différence. Dans ce cas, nous pouvons tester la relation sur les premières différences des variables concernées[61].

            Tableau 3.17: Tests de stationnarité en première différence (1976-95)
   Variables
 Statistique de test ADF
Valeur critique
Seuil de critique
1- dINFLA
          -3,3307
            -2,7158
                1%
2- dINETAT
          -3,1584
            -2,8622
                1%
3- dINLIBRE
          -2,5804
            -1,9791
                5%
4- dGMO
          -2,8957
            -2,7158
                1%
5- dGM2
          -2,7654
            -2,7158
                1%
6- dGM2D
          -2,5003
            -1,9627
                5%   

            Les résultats de tests sont reportés dans les tableaux 3.18-3.21 pour les deux périodes: 1976-95 et 1976-88, et pour les trois sortes de prix: prix général, prix sur le marché étatique et prix sur le marché parallèle. Le tableau 3.18 indique qu'en période de long terme 1976-95, les variations de l'inflation influencent fortement toutes les trois variables d'émission monétaire, alors que l'émission monétaire n'a presque pas d'influence sur l'évolution du taux d'inflation. D'une part, l'accroissement de l'argent liquide n'a aucun impact sur l'inflation, d'autre part, les masses monétaires M2 et M2D n'ont qu'un impact avec un an de retard. Voici une remarque tout-à-fait surprenant. Pour la période 1976-88, où sévit l'inflation, nous avons une conclusion identique.

Tableau 3.18: Tests de causalité entre taux d'inflation et taux de croissance monétaire 1976-95
Les variables et
Nombre de retard
  L'émission monétaire ne
 cause pas l'inflation
  L'inflation ne cause
      pas l'émission monétaire

   F-Statistique
  Probabilité (%)
   F-Statistique
  Probabilité (%)
dGMO, dINFLA
    1 an
    2 ans
    3 ans
    4 ans
    5 ans

       1,0054
       0,6222
       0,6992
       0,3914
       0,2424      

       0,3319
       0,5532
       0,5758
       0,8084
       0,9194

       2,2886
       8,6070
       3,9034
       2,2894
       1,2804

        0,1511
        0,0048
        0,0487
        0,1744
        0,4467  
dGM2, dINFLA
    1 an
    2 ans
    3 ans
    4 ans
    5 ans

       3,6139
       1,4723
       1,6394
       0,8017
       0,7697 

       0,0766
       0,2680
       0,2483
       0,5660
       0,6287 

       6,2051
       4,3582
       5,3650
       3,4517
       2,6552

        0,0249
        0,0377
        0,0215
        0,0859
        0,2256
dGM2D, dINFLA
    1 an
    2 ans
    3 ans
    4 ans
    5 ans

       3,6117
       1,4465
       1,3083
       0,8537
       0,9304

       0,0767
       0,2737
       0,3306
       0,5405
       0,5612

       6,8635
       3,9695
       3,6314
       4,3360
       2,9763          

        0,0193
        0,0475
        0,0577
        0,0548
        0,1992
           
Tableau 3.19: Tests de causalité entre taux d'inflation et celui de croissance monétaire, 1976-88
Les variables et
Nombre de retard
  L'émission monétaire ne
 cause pas l'inflation
  L'inflation ne cause
      pas l'émission monétaire

   F-Statistique
  Probabilité (%)
   F-Statistique
  Probabilité (%)
dGMO, dINFLA
    1 an
    2 ans
    3 ans

       0,8656
       0,6817
       0,2755

       0,3794
       0,5473
       0,8419

       3,2403
       2,3542
       4,0111

        0,1095
        0,1903
        0,2060
dGM2, dINFLA
    1 an
    2 ans
    3 ans

       3,9251
       0,8396
       0,2337

       0,0829
       0,4849
       0,8677

       7,4973
       2,8143
       1,1615

        0,0255
        0,1517
        0,4936
dGM2D, dINFLA
    1 an
    2 ans
    3 ans

       4,0089
       0,8417
       0,2337

       0,0802
       0,4841
       0,8677

       7,3488
       2,7404
       1,1106

        0,0266
        0,1571
        0,5060

            Cette conclusion surprenante nous exige une étude plus détaillée avec l'espoir que l'émission monétaire peut ne pas avoir l'impact clair sur l'évolution des prix dans le marché étatique, mais elle a l'impact sur l'évolution des prix dans le marché parallèle. Le tableau 3.20 indique qu'il existe une relation de causalité de deux sens entre les variables monétaires M2 et M2D et le taux d'inflation. En revanche, l'inflation a l'impact sur l'émission de l'argent liquide alors que la direction inverse n'existe pas. Nous avons une même remarque pour la relation de causalité entre monnaie et inflation sur le marché parallèle. C'est pour cela que la coexistence d'un fort déficit budgétaire et d'une libéralisation progressive des prix explique la forte inflation de l'époque de transition du Viet-nam[62], c'est à dire l'inflation au Viet-nam commence par la libéralisation graduelle des prix. Chaque accroissement du prix du secteur étatique exige une augmentation correspondante des masses monétaires, qui à son tour, pousse le prix de tous les deux marchés à la hausse. (il me faut étudier plus profondément)

            Tableau 3.20: Tests de causalité entre taux d'inflation et celui de croissance monétaire,
                                    Marché étatique, 1976-88
Les variables et
Nombre de retard
  L'émission monétaire ne
 cause pas l'inflation
  L'inflation ne cause
      pas l'émission monétaire

   F-Statistique
  Probabilité (%)
   F-Statistique
  Probabilité (%)
dGMO, dINETAT
    1 an
    2 ans
    3 ans

       2,3673
       1,3695
       0,9654

       0,1624
       0,3355
       0,5451

       4,3216
       2,4934
       8,2860

        0,0712
        0,1774
        0,1095
dGM2, dINETAT
    1 an
    2 ans
    3 ans

       6,1628
       1,5193
       1,2145

       0,0379
       0,3051
       0,4812

      10,9744
       2,8445
       2,5584

        0,0106
        0,1496
        0,2934
dGM2D, dINETAT
    1 an
    2 ans
    3 ans

       6,1294
       1,5199
       1,2087

       0,0383
       0,3050
       0,4833

      11,2439
       2,7890
       2,5097

        0,0100
        0,1536
        0,2978

            Tableau 3.21: Tests de causalité entre taux d'inflation et celui de croissance monétaire,
                                    Marché libre, 1976-88
Les variables et
Nombre de retard
  L'émission monétaire ne
 cause pas l'inflation
  L'inflation ne cause
      pas l'émission monétaire

   F-Statistique
  Probabilité (%)
   F-Statistique
  Probabilité (%)
dGMO, dINLIBRE
    1 an
    2 ans
    3 ans

       0,4454
       0,4658
       0,5240

       0,5233
       0,6523
       0,7080

       3,0416
       2,4092
       1,2656

        0,1193
        0,1851
        0,4699
dGM2, dINLIBRE
    1 an
    2 ans
    3 ans

       3,0195
       0,6091
       0,2458

       0,1205
       0,5798
       0,8602

       6,5635
       3,0442
       0,2604

        0,0335
        0,1356
        0,8512
dGM2D, dINLIBR
    1 an
    2 ans
    3 ans

       3,1133
       0,6108
       0,2495

       0,1156
       0,5790
       0,8601

       6,3014
       2,9659
       0,2317

        0,0363
        0,1415
        0,8690

Conclusion : le déficit budgétaire est la cause majeure de l'émission monétaire et mais l'émission monétaire n'est pas la cause majeure de l'inflation au Viet-nam (?).
Conclusion pour ce chapitre

La conclusion générale de la première partie
            Les déficits budgétaires du Viet-nam sont une des origines et des causes essentielles de l'inflation. L'influence des déficits budgétaires sur la hausse générale des prix domestiques ne saurait être constatée par plus que son rôle dans la création monétaire. Cependant, cette influence dans le cas du Viet-nam ne semble confirmer aucunement les principes de la théorie quantitative de la monnaie ou de la théorie monétariste (surtout le point de vue de M. Friedman), en ce sens que l'accroissement de la masse monétaire en circulation, destiné à financer les déficits budgétaires, ne crée pas une hausse automatique ou proportionnelle du niveau des prix. L'expansion monétaire créée pour couvrir les dépenses de l'Etat est souvent un facteur de hausse des prix, c'est à dire l'origine de l'inflation, et la cause d'une accélération du rythme des hausses préexistantes des prix, c'est à dire l'effet de la prolongation de l'inflation. Cependant, la hausse des prix ne dépend pas seulement de l'ampleur des flux monétaires créés, elle dépend surtout de la nature improductive et inefficace des dépenses publiques comme nous l'avons montré dans la section de la structure des dépenses publiques. Au Viet-nam, les dépenses budgétaires trop élevées à l'armée populaire, à la sécurité intérieure, à l'administration, aux entreprises publiques, aux secteurs et régions non-profitables, à la subvention à l'éducation et à la santé au cours des années 1976-1980 sont les origines du déclenchement de l'inflation élevée.
            On remarque donc que l'organisation du système budgétaire du Viet-nam favorise la formation d'une inflation par la demande, mais également celle d'une inflation par le coût.
            Le financement du déficit budgétaire, par le recours à l'émission monétaire, est souvent une cause immédiate de l'inflation parce que les dépenses publiques sont surtout des dépenses improductives ou aux entreprises publiques qui sont toujours inefficaces ou déficitaires.
            Les revenus monétaires distribués ne permettent pas d'accroître la capacité de production, mais créent toujours nouvelles demandes. En réalité, aux Viet-nam, ces revenus monétaires sont destinés à satisfaire des besoins de consommation, même les émissions monétaires pour des investissements exigent aussi des biens de consommation. L'ampleur des flux monétaires nouveaux explique la formation d'un écart inflationniste très important entre l'offre et la demande globales. L'augmentation des moyens de paiement ne trouve aucune contrepartie déflationniste, car la croissance trop faible de la production, même négative. Au contraire, elle alimente une expansion secondaire de la demande dans le secteur privé et continue à financer les déficits considérables et permanents des entreprises publiques.
            L'incidence de la dépense publique sur le niveau général des prix dépend non seulement de la nature de la dépense (consommation ou investissement), mais aussi du secteur auquel elle bénéfice (par exemple: subventions aux entreprises publiques et aux exportateurs, supplément de salaires pour les fonctionnaires, supplément pour l'armée et la sécurité intérieure...) et enfin de la région géographique, où les dépenses publiques doivent être réalisées (capitale, grandes villes, zone rurale en voie de développement ou en régression, zone productive ou zone lointaine non-productive). C'est ainsi que l'accroissement des flux monétaires dans une région économiquement retardée exerce souvent une influence négligeable sur le niveau général des prix parce que l'augmentation des moyens de paiement dans cette région correspond à une progression de monétisation de l'économie régionale, et donc des échanges commercialisés. En fait, en nature, comme nous l'avons dit dans le chapitre conservé à la politique monétaire, l'économie vietnamienne avant 1989 est sous monétisée. Avant 1985, elle était une économie de troc. C'est pour cela que l'accroissement rapide de la masse monétaire n'a pas créé une croissance correspondante du taux d'inflation.
            La mode des recettes fiscales sont également un facteur de hausse des prix, dans la mesure où le bénéfice et l'impôt des entreprises est calculé comme une pourcentage de leurs coûts de production, c'est à dire plus le revient est élevé, plus bénéfice est élevé, ce qui stimule aux entreprises de chercher d'augmenter leurs revients (coût de production). En suite, dans le processus de la libéralisation économique accompagnant le manquement de disciplines financières, la plupart des impôts imposés aux entreprises publiques et privées sont tout de suite évadés ou répercutés par les producteurs et commerçants dans leurs prix de vente. Même ces derniers ont profité les occasions d'accroissement de l'impôt pour accélérer plus rapidement leurs prix de vente afin de gagner plus de bénéfice. Plusieurs produits ne sont pas touchés directement par l'augmentation des impôts, mais en raison des anticipations d'inflation résultant de l'augmentation des impôts appliqués aux autres produits, leurs prix s'accroissent de façon continuelle, ce qui crée une spirale inflationniste causée par les modifications sans cesse du système fiscal de l'Etat.
            La structure des recettes fiscales est aussi une origine et une cause importante de l'inflation du Viet-nam puisque le Viet-nam à l'époque était une économie de pénurie et d'inflation chronique, les consommateurs acceptent d'acheter des marchandises selon n'importe prix. Dans le secteur public, malgré les réglementations de l'Etat sur la fixation des prix ou la détermination des deuxième et troisième prix dans le système à double et triple prix, les entreprises publiques cherchent à augmenter leurs prix de vente grâce à l'augmentation légale de leurs revients, cette mesure est spécialement utile aux entreprises car leurs bénéfices sont proportionnellement identique à leurs revients selon le principe de détermination du bénéfice. Dans le secteur privé, la plupart des impôts fiscaux sont évadés ou répercutés au niveau des consommateurs par les entrepreneurs et les commerçants. La production et le commerce clandestins sont partout. C'est en particulier le cas des droits de douane, des impôts sur les chiffres d'affaires et sur les bénéfices. Les impôts directs sur les bénéfices des entreprises publiques et privées sont évadés ou répercutés directement au niveau des consommateurs, car ces impôts, quelle que soit leur forme, constituent un élément de prix de revient, au même titre que l'achat des matières premières ou la rémunération de la main d'oeuvre. Aussi, les producteurs et les vendeurs ne réduisent aucunement leur taux de profit lorsque la charge fiscale est accrue. La hausse des coûts se traduit par une augmentation rapide du niveau des prix qui crée une inflation de plus en plus forte.
            Cette augmentation rapide des prix se produit à condition qu'il y ait autant d'acheteur qui désire payer le nouveau prix. C'est généralement pour le cas du Viet-nam. D'une part, comme nous l'avons dit, le Viet-nam à l'époque était une économie de pénurie et d'inflation chronique avec le régime de rationnement par les tickets. Par conséquent, quand on a l'argent, on doit le dépenser tout de suite pour échapper l'effet inflationniste parce que les vietnamiens n'ont pas d'illusion monétaire. En même temps, les gens savent que le prix dans le marché de l'Etat, de toute façon, est toujours inférieur à celui dans le marché privé, ils donc dépensent leur argent dans ce marché malgré la hausse continuelle des prix. D'autre part, il existe toujours des couches sociales privilégiées et riches qui maintiennent un niveau de vie élevée. Ce sont des digigeants-corruptibles de tous niveaux dans la société ou des gens ayant leurs parents d'outre-mer qui leur envoient souvent des devises. Enfin, comme le Viet-nam n'a pas un marché de capital nécessaire, la majorité absolue des revenus est dépensée à la consommation directe ce qui renforce la demande insatisfaite.
            On trouve encore plusieurs autres cas d'inflation qui se produisent lorsque la charge fiscale devient de plus en plus importante, c'est par exemple que les entrepreneurs et les commerçants privés de taille moyenne (en partie majoritaire au Viet-nam) arrêtent leur production ou ferment leur magasin par l'augmentation des taux fiscaux ou l'extorsion de l'appareil administratif. L'augmentation de la demande s'adresse à des offres des autres producteurs ou commerçants ou même à l'extérieur; ces derniers profitent cette occasion pour accroître leur prix et le processus d'inflation est déclenché.
            Nous venons d'analyser que la charge fiscale qui pèse sur les entreprises publiques et privées, les pousse à augmenter leur prix pour ne pas diminuer leurs profits. Ceci provoque une augmentation du niveau général des prix s'il y a toujours des acheteurs qui acceptent de payer les nouveaux prix. C'est exactement le cas du Viet-nam depuis 1975 jusqu'en 1989. Ce fait est la conséquence directe des déséquilibres structurels très élevé de l'économie vietnamienne, c'est ce que nous allons étudier dans la partie suivante.


[1] Guillaumont S. (1993), op. cit. p.33
[2] Friedman M. (1976) "Inflation et Système Monétaire", Calmann-Levy.
[3] De Haan J. and Zelhorst D. (1990) "The Impact of Government Deficits on Money Growth in Developing Countries", Journal of International Money and Finance, Vol 9, p.455
[4] Grier and Neiman (1987)
[5] Friedman M. (1971)   ; Von Furstenberg (1980)
[6] De Haan J. and Zelhorst D. (1990), op. cit., p.455
[7] Gillis et al. (1983) p.360
[8] Modigliali  (1987); De Haan J. and Zelhorst D. (1990), op. cit., p.455
[9] De Haan J. and Zelhorst D. (1990), op. cit., p.455
[10] Bruno M. et Easterly W. (1995) "Inflation Crises and Long-Run Growth", WPS 1517, World Bank, Washington D.C.
[11] Azam J.P. (1995), op. cit., p.28
[12] Azam J.P. (1995), op. cit., p.28
[13] Azam J.P. (1995), op. cit., p.28
[14] De Haan J. and Zelhorst D. (1990), op. cit., p.456
[15] Collyns (1983)
[16] De Haan J. and Zelhorst D. (1990), op. cit., p.458
[17] Friedman M. (1976) "Inflation et Système Monétaire", Calmann-Levy, Claassen E. et Salin P. (1978) "Turbulences d'une Economie Prospère - Dossier", Dunod, avec contributions de dizaines économistes monétaristes, y compris Friedman Milton, p. 41.
[18] Claassen E. et Salin P. (1978) "Turbulences d'une Economie Prospère - Dossier", Dunod, avec contributions de dizaines économistes monétaristes, p. 42.
[19] Claassen E. et Salin P. (1978), op. cit. p.42
[20] Claassen E. et Salin P. (1978), op. cit. p.41
[21] De Haan J. and Zelhorst D. (1990), op. cit., p.466.
[22] Ces analyses sont tirées dans Azam J.P. (1995), op. cit., pp.29-30
[23] Azam J.P. (1995), op. cit., p.31
[24] Bruno M. (1991) "High Inflation and the Nominal Anchor of an Open Economy", Essays in International Finance, N°183, International Finance Section, Princeton University, Princeton. Sargent T.J. (1986) "Rational Expectations and Inflation", Harper and Row Edi. New York
[25] Don Patinkin (1965) "Money, Interest and Price", 2nd edition, Harper and Row, New York
[26] McKinnon (1993) op. cit. chapter xi: "Stabilizing the Ruble: Financial Control during the Transition from Centraly Planned to a Market Economy" (?), Claassen E. et Salin P. (1978), op. cit. p.?
[27] Nhat L.H (1993)
[28] Azam J.P. (1995), op. cit., p.34
[29] Voir le cas de l'Argentine dans: Domingo F. Cavallo, chapter 12, p.282, dans Dornbusch R., Leslie F. et Helmers "The Open Economy", op. cit.
[30] Nghiep N.C. et Mo L.H. (1996) "Taux de Change - Méthode d'Approche et Art d'Ajustement", Editions des Finance, Hanoi.
[31] Nghiep N.C. et Mo L.H. (1996), op. cit. p.180
[32] Azam J.P. (1995), op. cit., p.35
[33] Azam J.P. (1995), op. cit. p.33
[34] Voir Azam J.P. (1995), Guillaumont P. et De Melo (1993), Dollar D. (1993), Grzegorz Kolodko (1990), Fforde A. (1989-1996), James Riedel (1993), Ian Jeffries (1993), Markus Diehl (1993), Marie Agnes Crosnier et Edith Lhomel (1990) Per Ronnas et Orian Sjoberg (1990), Vo Nhan Tri et Ann Booth (1992), et bien sûr les auteurs appartiennent aux Institutions Bretton Woods comme Brian Van Arkadie (1991,1993), Zdenek Drabek (1990), Gabrielle Lipworth et Erich Spitaller (1993)...
[35] Irvrin G. (1995) "Vietnam: Assessing the Achievements of Doi Moi", the Journal of Development Studies, Vol 31, June, London, p. 728
[36] Azam J.P. (1995), op. cit. p.26
[37] Nghien P.V. (1996), op. cit., p.3
[38] Azam J.P. (1995), op. cit. p.23
[39] Nghiep N.C. et Mo L.H. (1996), op. cit. p.179, Hien N.T. (1996), op. cit.
[40] Tanzi V. (1984) " Inflation, Lags in Collection and the Real Value of Tax Revenue", p. 154
[41] Xuan T.T. (1992) "L'inflation au Vietnam", p. 36 et p.50
[42] Azam J.P. (1995), op. cit., p.5
[43] Azam J.P. (1995), op. cit., p.5
[44] Cuong L.V. et al. (1996), op. cit. p. 28
[45] Cuong L.V. et al. (1996), op. cit. p. 29
[46] Fforde A. et De Vylder S. (1996) "From plan to market - the Economic Transition of Vietnam", Westview Press, 1996, version vietnamienne, p.45
[47] Fforde A. et De Vylder S. (1996), op. cit. p.46
[48] Persson T. and Tabellini G. (1990) "Macroeconomic Policy, Credibility and Politics", Harwood Academic Publisher
[49] Azam J.P. (1995), op. cit., p.32
[50] Fforde A. et De Vylder S. (1996), op. cit., p.62
[51] Fforde A. et De Vylder S. (1996), op. cit., p.62
[52] Azam J.P. (1995), op. cit. p.27
[53] Guillaumont S. (1993), op. cit. p.33
[54] Cuong L.V. et al. (1996), op. cit. p. 29
[55] Cuong L.V. et al. (1996), op. cit. p. 29
[56] Rapport du Ministère Vietnamien des Finances à l'Assemblée Nationale, 1995.
[57] Azam J.P. (1995), op. cit., p.50
[58] Azam J.P. (1995), op. cit., p.51
[59] Luoc V.D. (1992), op. cit., p.36
[60] Luoc V.D. (1992), op. cit., p.36
[61] Bruneau C. et Nicolai J.P. (1995) "Causalité persistante entre Séries non-stationnaires: Application à l'étude comparée des politiques des pays du G5", Analyses d'Economie et de Statistique, N°40, pp.177-206.
[62] Azam J.P. (1995), op. cit., p.23

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