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PARTIE I : LES ORIGINES DE L'INFLATION DU VIETNAM D'APRES
L'APPROCHE MONETARISTE
Selon la
thèse monétariste, d'une part, l'inflation est la croissance continuelle du
niveau général des prix et un aspect particulier du problème général des
fluctuations du revenu nominal. M. Friedman a écrit que "par l'inflation,
j'entends une hausse des prix régulière et soutenue. Mon propos porte sur
l'inflation manifeste, il s'agit d'un processus inflationniste à l'intérieur
duquel les prix augmentent sans que le gouvernement intervienne et ait recours
au contrôle des prix ou à une technique similaire"[1].
Tout processus inflationniste est marqué par des hausses généralisées de prix
bien que celles-ci puissent être contenues par voie de contrôle administratif,
c'est à dire inférieures à ce qu'elles seraient si on laissait jouer librement
les mécanismes du marché. Il peut arriver que, face à un excès de demande, dans
un premier temps, tous les prix soient officiellement stabilisés et contrôlés,
cependant, un marché parallèle se créera pour répondre à cette demande
excédentaire, et la hausse des prix sur ce marché influencera des prix du
marché officiel. D'autre part, l'inflation est un phénomène purement monétaire
et qu'elle est le résultat d'une politique monétaire et fiscale inappropriée.
Le point de
départ de la théorie monétariste est la théorie quantitative de la monnaie,
cette dernière repose sur deux postulats étroitement liés[2].
Le premier est que l'économie peut être décomposé fictivement en deux mondes distincts: d'une part, celui où
s'effectue la production et où se déterminent les prix relatifs des
marchandises et les revenus des différentes catégories d'agents (l'économie
réelle); d'autre part, celui des phénomènes monétaires. Selon cette approche
dichotomique, la monnaie n'est qu'un voile venant recouvrir le monde de
l'économie réelle, c'est l'idée de la neutralité de la monnaie. Le second
postulat est que l'offre et la demande de monnaie dépendent de facteurs
distincts, la création monétaire pourrait n'être que la conséquence du besoin
en moyens de paiement de l'économie, et les facteurs monétaires n'ont pas de
pouvoir explicatif du mouvement des prix, en devenant au contraire, une
conséquence de ceux-ci.
La théorie
quantitative de la monnaie est souvent
interprétée par deux équations de l'équilibre monétaire: équation des
échanges de Fischer et équation de Pigou[3].
En fait, selon les raisonnements des classiques sur la neutralité de la monnaie
pour le secteur réel, ces auteurs ont formalité une relation inverse et directe
entre la monnaie et le prix. La valeur d'une monnaie est en relation inverse
avec la quantité de monnaie en circulation, par contre, les prix sont en
relation directe avec la quantité de monnaie. Pourtant, si l'équation
interprète exactement le point de vue quantitativiste, l'approche de l'équation
de Pigou a mis en cause l'analyse strictement dichotomique par la
reconnaissance du fait que la monnaie pouvait faire l'objet d'une demande
spécifique, autrement dit, elle reconnaît le rôle de la monnaie dans l'économie
réelle.
Ces deux
équations de Fischer et de Pigou se manifestent dans un autre principe de
l'approche quantitativiste: l'absence totale d'illusion monétaire. Lorsque les
prix augmentent, personne n'est dupée dans cette logique. Chacun évalue son
revenu réel en fonction du nouveau niveau des prix. Les agents se contentent de
détenir une certaine proportion de leur revenu réel en monnaie, cela explique
le fait que toute hausse de la quantité de monnaie non liée à une augmentation
de la production se traduit par une inflation. Du fait de la double hypothèse
de la stabilité du niveau de revenu (ou de production à un moment donné) et de
celle de la proportion d'encaisses monétaires désirées, on trouve donc
arithmétiquement la correspondance entre M et P. S'il y a deux formalisations
de la théorie quantitative de la monnaie, il n'y a qu'une conclusion:
l'inflation trouve son origine dans l'expansion de la masse monétaire.
Ainsi, la
théorie quantitative de la monnaie affirme que l'augmentation des prix est liée
de façon proportionnelle à l'expansion du stock monétaire. La monnaie joue le
rôle purement technique et neutre. L'augmentation de sa quantité n'influence ni
les prix relatifs, ni la production, ni la redistribution des ressources. Le
processus de développement et les transformations structurelles ne sont pas du
domaine monétaire. La croissance monétaire n'affecte que le niveau général,
absolu, des prix. Inversement, la hausse des prix et les facteurs réels n'ont
pas d'impacts sur la masse monétaire. On constate en effet qu'en longue
période, le niveau général des prix tend à se fixer en rapport avec le volume
monétaire, une fois que toutes les adaptations ont pu se faire sur le marché.
Mais cette évolution n'a rien d'un phénomène simple et instantané car la
réalité économique ne correspond pas aux conditions idéales dans lesquelles,
l'expansion monétaire exercerait un effet immédiat et proportionnel sur
l'ensemble des prix, sans qu'il faille tenir compte des variations relatives
des prix. Donc, avant toute intention de l'application de la théorie
quantitativiste dans l'explication des causes de l'inflation, il nous faut
vérifier le degré et les conditions de validité de cette approche, surtout les
hypothèses sur lesquelles, les prix et la mobilité des ressources sont
parfaitement flexible et il existe en permanence un état de plein emploi.
Toutes ces deux conditions ne sont concevables que dans le cadre d'une économie
entièrement monétarisée et dont les structures sont celles de concurrence
parfaite. Seulement dans ce contexte, les réactions en prix à la suite d'une
croissance monétaire se sont instantanées. Celui-ci se traduit par un excédent
de demande qui se répand immédiatement sur tous les marchés où il fait monter
proportionnellement tous les prix, sans affecter les prix relatifs comme
anticipent les quantitativistes.
Le problème
de l'école classique est donc de savoir si les hypothèses de dichotomie et de
non-illusion monétaire sont pertinentes, et si Y et k ou T et V sont
effectivement des paramètres constants. Ces conditions et implications de la
théorie quantitative de la monnaie ne correspond évidement guère aux réalités
de l'économie moderne. En effet, d'une part, on constate clairement que tous
les mouvements des prix et leur impact sur la production, les coûts et les
charges de l'Etat réagissent sur l'expansion du stock monétaire et sur sa
vitesse de circulation, et d'autre part, les déséquilibres monétaires
entraînent des modifications sensibles de la production et de l'offre sur le
marché, c'est à dire sur le facteur T dans l'équation de Fischer ou Y dans
l'équation de Pigou. Il s'agit de modifications, soit de court terme en
fonction de l'élasticité de l'offre et de la demande des différents secteurs,
soit de long terme selon que les décisions et les possibilités de produire et
d'investir sont influencées favorablement ou non par le processus
inflationniste. Dans ce dernier cas, ces décisions seront orientées par les
mouvements relatifs de prix. Le blocage de la croissance de la production dans
certains secteurs particulièrement importants comme l'agriculture par exemple,
pourra déclencher des processus cumulatifs qui renforcent les mouvements de
hausse des prix.
Depuis la
fin de la Seconde Guerre Mondiale, surtout avec le retour de l'inflation dans
les années 50s, l'approche monétariste connaît un nouveau développement avec,
en particulier, les travaux de Don Patinkin et notamment M. Friedman. Ce
dernier a proposé une nouvelle définition de la demande de monnaie selon
laquelle, la demande d'encaisses des agents dépend de ce qu'il qualifie de
revenu permanent[4].
Donc, comme Pigou, la demande de monnaie d'après Friedman, dépend du niveau
général des prix, mais aussi de la richesse globale du pays et de la part que
l'on pense en recevoir, compte tenu du niveau des prix anticipés et du taux
d'intérêt puisque ce dernier peut se définir comme le coût d'opportunité d'une
encaisse monétaire.
Il existe
plusieurs résumés sur le point de vue du monétarisme. T. Mayer[5]
recense pas moins de douze proposions de la doctrine monétariste. B. Landais[6]
indique quatorze dont quatre suivantes concernant directement le phénomène
d'inflation: 1) C'est l'offre de monnaie qui "explique" les
variations du revenu nominal et principalement du niveau général des prix.
L'étude de P. Cagan est le cas extrême de la thèse monétariste: "les
hyperinflations fournissent une occasion unique d'étudier les phénomènes
monétaires, les accroissements astronomiques de prix et de circulation
monétaire rapetissent relativement les variations de revenu et d'autres
facteurs réels; les relations entre facteurs monétaires peuvent donc être
étudiées dans un contexte proche de l'isolement par rapport aux facteurs réels
de l'économie"[7].
2) Il existe une fonction stable de demande de monnaie, en conséquence, les
monétaristes proposent l'adoption d'une règle de progression stable de la masse
monétaire. 3) L'instabilité économique est presque exclusivement le résultat
des fluctuations erratiques de l'offre de monnaie. L'économie "réelle"
est foncièrement stable; P.A. Samuelson souligne que c'est M1 ou M2 et de
manière plus spécifique peut être, ses différents taux de variations qui
détermine l'état de la demande globale[8].
4) Les monétaristes se satisfont souvent d'une approche très globaliste des
phénomènes conjoncturels sans chercher à les analyser secteur par secteur et en
supposant que le marché des fonds prêtables est un marché parfait. Les causes
structurelles de l'inflation ne sont donc pas analysées par les monétaristes.
Ainsi, on
trouve que les monétaristes défendent la pensée quantitative de la monnaie,
surtout la neutralité à long terme de la monnaie, la seule véritable différence
entre les approches de I. Fischer et de M. Friedman est la fonction de demande
de monnaie[9].
La fonction proposée par M. Friedman poursuit les travaux de l'école de
Cambridge (équation de Pigou) et met l'accent sur les équilibres de stock
plutôt que de flux. La hypothèse de stabilité entre d'une part le produit du
revenu Y par le niveau des prix P et d'autre part, le stock de monnaie
conservée sous forme d'encaisses, ou la demande de monnaie M, constitue le
coeur du raisonnement de l'école monétarisme[10].
A court
terme, M. Friedman accepte l'idée que la monnaie pouvait avoir un effet sur
l'activité économique, tant que les agents restent victimes de l'illusion
monétaire et n'ont pas adapté leurs anticipations à la réalité. Cependant,
d'une part la répercussion de l'accroissement de la masse monétaire sur
l'activité économique est incertaine par des perturbations réelles que subit
l'économie, et d'autre part, la création monétaire excessive provoquera un
excès de la demande qui entraînera une hausse des prix et enfin l'inflation
réduira bien vite le pouvoir d'achat des revenus et de la monnaie, cela
découragera tout nouveau investissement et développement économique. Donc, à
long terme, la masse monétaire n'exercerait un effet que sur les prix et non
sur le produit réel, c'est à dire l'évolution des prix est strictement
parallèle à celle de la masse monétaire, une fois tenu compte du taux de
croissance réelle. Si le revenu réel est constant, le taux d'inflation
d'équilibre (à long terme avec les anticipations adaptatives) sera égal au taux
de croissance de la masse monétaire.
D'autre
point majeur de la théorie monétariste, comme le cas de la théorie classique,
est l'exogénéité de l'offre monétaire, c'est à dire la quantité de monnaie en
circulation résulte de décisions propres aux autorités monétaires. Friedman a
réalisé une étude empirique sur l'histoire monétaire des Etats-Unis et il a
retrouvé le principe quantitativiste: l'exogénéité de l'offre monétaire. Les
nombreuses perturbations de l'histoire monétaire américaine viennent conforter
cette logique. Après, il a aussi trouvé les phénomènes similaires au Japon, en
France, en Angleterre et en Allemagne. Il est vrai que lors des périodes
d'abondance monétaire, une forte inflation a été constatée mais aussi une
expansion de l'activité économique. Symétriquement, lors des phases de
restriction de l'offre monétaire, le mouvement des prix s'est réduit mais la
production a aussi connu un certain ramasse. M. Friedman ne nie pas qu'il y ait
des effets d'une variation de la quantité de monnaie sur le niveau des
transactions, donc il se distingue de l'ancienne théorie quantitative de
monnaie pour laquelle il y avait exacte proportionnalité entre variations de la
quantité de monnaie et fluctuations des prix, mais il n'accepte pas la
conclusion que l'on pourrait agir sur la quantité de monnaie pour soutenir la
croissance. Selon lui, la relation entre offre de monnaie et niveau de
l'activité économique est trop lâche pour servir de fondement à une politique
économique. Les actions sur la monnaie bien qu'il y ait certain effet sur
l'activité économique, sont trop incertaines car elles peuvent provoquer de
multiples perturbations, surtout si elles s'accompagnent d'inflation.
M. Friedman
a écrit: "en ce qui concerne l'origine du mal (inflation), nous devons
établir une distinction entre les causes immédiates et les causes lointaines.
La cause immédiate de l'inflation est très facile à établir; la difficulté
réelle porte sur les raisons de fonds. La cause immédiate de l'inflation est
toujours et partout la même: un accroissement anormalement rapide de la
quantité de monnaie par rapport au volume de la production. Cette conclusion
repose sur de nombreux exemples historiques et se vérifie en effet pour
beaucoup de pays, sur des périodes allant jusqu'à des siècles entières. Il
n'existe pas de période d'inflation prolongée -si celle-ci a pris des
proportions importantes- qui ne se soit accompagnée d'un accroissement de la
quantité de monnaie plus rapide que celui de la production. Il s'agit là d'une
proportion très simple"[11].
Donc, le monétarisme réaffirme la neutralité
de la monnaie et conclut que l'inflation est toujours et partout un phénomène
monétaire, dont la responsabilité repose sur la politique de l'Etat. M.
Friedman a écrit qu'aujourd'hui, les changements concernant la quantité de
monnaie sont le résultat de la politique gouvernemental, ce qui revient à dire
qu'à l'heure actuelle, l'inflation des Etats-Unis se crée à Washington et nulle
part ailleurs[12]
et "lorsque la quantité de monnaie augmente plus vite que le volume de la
production, il y a un phénomène d'inflation, indépendamment de la crise du
pétrole, des revendications syndicales ou de l'avidité des industriels.
L'inflation est crée à Washington, par la faute du gouvernement"[13].
M. Friedman
estime qu'il y a trois raisons principales[14]
de l'explication du fait que le gouvernement laisse augmenter la quantité de
monnaie plus rapidement que la production, et soit par conséquent responsable
de l'inflation. La première, qui a prévalu pendant des siècles, consiste à dire
que le gouvernement se trouve dans l'obligation d'augmenter ses dépenses alors
qu'il n'est pas en mesure d'augmenter officiellement les impôts, il doit donc
financer son déficit par l'émission monétaire qui crée l'inflation. La seconde
raison, beaucoup plus récente celle-là, tient à l'objectif du plein emploi,
c'est à dire à chaque fois qu'il y a eu récession, même mineure ou provisoire,
le gouvernement s'est empressé d'augmenter ses dépenses, avec l'aide de la
Banque centrale; cela a eu comme résultat d'amorcer un processus qui a abouti à
l'inflation. La troisième raison tient aux erreurs des différentes banques
centrales. Les dirigeants de ces banques prennent malheureusement leurs
décisions en fonction de théories erronées; ils ont pensé qu'ils devraient
s'occuper des taux d'intérêt alors que leur tâche consiste en fait à contrôler
la quantité de monnaie. En essayant de maintenir les taux d'intérêt, ils ont
provoqué l'inflation et finalement les taux d'intérêt se sont retrouvés à un
niveau beaucoup plus élevé que si les banques centrales avaient suivi une
politique monétaire appropriée[15].
Ainsi, pour les monétaristes,
"mettre fin à l'inflation ne pose aucun problème, le seul remède contre
l'inflation consiste à empêcher que les dépenses augmentent aussi rapidement,
le seul moyen dont dispose le gouvernement pour lutter contre l'inflation
consiste à dépenser moins et à fabriquer moins de monnaie, le seul remède est
de réduire l'accroissement de la quantité de monnaie, il n'y a pas d'autre
solution. Aucun autre procédé ne nous permettra de combattre l'inflation[16].
Il faut réussir à faire que le taux d'accroissement de la masse monétaire soit
à peu près comparable à celui de la production"[17].
[1] Fiedman M. (1968), "Inflation et systèmes monétaires",
Calmann-Lévy, 1976, p72
[2] Voir l'analyse de Crozet Yves
(1994), "Inflation ou Désinflation", Editions Nathan.
[3] D'après le résumé de Crozet Yves (1994),
l'équation des échanges que I.Fischer proposa dans son oeuvre "Pouvour
d'achat de la monnaie", publié en 1912, se rapproche de celle avancée par
A.C. Pigou en 1917 et qui sera reprise par M. Friedman en 1956. L'essentiel de
cette équation réside dans ce que l'on appelle le principe de dichotomie, un
fondement majeur de l'analyse économique des écoles classique, néo-classique et
monétariste: Les chocs monétaires n'affectent pas les prix relatifs. Elle
établit une relation inverse entre un stock, la masse monétaire (M) à un moment
donné, et un flux, l'ensemble des transactions (T) pendant une période donnée.
Comme il n'y a aucune raison pour que le stock soit égale au flux, on ne peut
mettre le signe égale entre M et T, c'est à dire qu'il faut ajouter d'autres
paramètres nécessaires. Le premier est le niveau des prix (P) auquel
s'éffectuent les transactions, et le seconde est la vitesse de circulation de
la monnaie (V), en d'autres termes, le nombre de fois qu'une unité monétaire
est utilisée pendant la période considérée. Avec ces hypothèses, Fischer est
donc arrivé à une équation suivante: M * V
= P * T. Compte tenu des
hypothèses des quantitativistes, T et V sont des paramètres constants et
exogènes, surtout l'expansion monétaire ne modifie pas la vitesse de
circulation de la monnaie. Le niveau des prix (variable déterminée) depend donc
tout simplement de la quantité de monnaie en circulation (variable déterminante).
Une autre façon d'écrire l'équation de Fischer est comme suit: P = M * V / T,
où le niveau des prix varie comme la quantité de monnaie affectée du
coefficient ou paramètre V/T.
L'équation de Pigou, appellée
encore l'équation de Cambridge, explique aussi la dichotomie totale entre les
phénomènes réelles et les phénomènes monétaires. Pigou reprend dans sa
formalisation deux variables déjà utilisées dans l'équation de Fischer, M et P,
mais il remplace V et T par k et Y où k est un paramètre et Y est le revenu.
Son équation est donc comme suit: M = P * k * Y. La première différence
consiste à isoler la masse monétaire M et non plus P comme dans l'équation de
Fischer. Cela souligne que Pigou s'intéresse à la demande de monnaie puisque M
devient ici la variable déterminée et désigne la demande d'enccaisses par les
agents économiques. La deuxième différence est que selon Pigou, ces encaisses
ne sont pas proportionnelles aux transactions, mais au revenu Y. Or, comme le
revenu n'est pas forcement égal aux transactions, k ne correspond pas à
l'inverse de V. En d'autres termes, si l'on écrit l'équation de Fischer de
façon ci-dessous: M = P * (1/V) * T, on n'obtient pas l'équivalent de M = P* k
* Y parce que dans cette équation, k ne désigne pas la vitesse de circulation
de monnaie, mais la proportion entre les encaisses monétaires désirées et le
revenu pondéré par le niveau des prix. C'est ce que montre la définition de k:
k = M / (P * Y), k est, pour Pigou, une constante. Si les détenteurs de monnaie
se retrouvent avec une quantité de monnaie M plus importante mais la quantité
de biens disponibles Y est fixe, il y aura un phénomène unique qui sera la
hausse des prix P.
[4] Sa fonction de demande de monnaie inclut de
nombreux facteur et se présente comme suit :
M
= f (W, re, pe, Wh/W) * P
avec f : une fonction qui tient compte de la
vitesse revenu;
W : la richesse totale ou le revenu permanent, c'est à dire le revenu
anticipé, calculé comme
une moyenne pondérée de revenus réels
actuels et passés;
re et pe : le taux d'intérêt et le niveau général des prix anticipés
respectivement;
Wh/W : la part individuelle de la richesse globale, expliquant la
demande individuelle de
monnaie;
P : le niveau général actuel des prix.
M : la demande de monnaie
[5] Mayer Thomas, (1978), "The Structure of Monetarism", Norton
[6] Landais Bernard, (1987), "Le Monétarisme", Economica, 1987,
pp. 5-6
[7] Cagan P. (1956), "The Monetary Dynamics of Hyperinflation",
dans M.Friedman: "Studies in the Quantity Theory of Money",
University of Chicago Press, 2e ed. 1958, p. 25.
[8] Samuelson (1969), "The role of Money in National Economic
Policy", Federal Reserve Bank of Boston, Juin 1969
[9] Johnson H., Nobay A.R. (1977), "Montarism: a Historic Theoeretic
Paerspectives", J.E.L. Rappel dans Tavlas G.S. (1981), "Keynesien and
Monetarist Theories of the Monetary Transmission Procces", Journal of
Monetary Economics, juillet 1981.
[10] Crozet Yves (1994), "Inflation ou Déflation", Editions
Nathan, pp. 77-85.
[11] Fiedman M. (1968), "Inflation et systèmes monétaires",
Calmann-Lévy, 1976, p44.
[12] Fiedman M. (1968), op. cit.,
p49.
[13] Fiedman M. (1968), op. cit., p50
[14] On peut citer une autre cause
monétariste de l'inflation, souvent dans le cas des pays développés, qui est
des "anticipations rationnelles" ou "anticipations
parfaites" en absence d'illusion monétaire durable de la part des agents
économiques. Patinkin D. (1966), "Money, Interest and Price", the MIT
press, pp. 34-59, raisonne que si la hausse des prix n'affecte pas les
quantités relatives de biens et services demandés, la demande de monnaie va
accroître. Comme il n'y a pas d'illusion monétaire, face à l'inflation, les
agents savent que leurs encaisses monétaires se sont dévalorisées. Comme ils
veulent les maintenir à un niveau constant de leur revenu réel qui est touché
par une hausse nominal, la demande de monnaie va progresser. L'augmentation de
la demande d'encaisses monétaires alors que les demandes de biens et de
services ne changent pas, est une source de pertubation potentielle qui
explique la répugnance à l'inflation monétariste. Ainsi, par l'absence
d'illusion monétaire durable de la part des agents économiques, si une
expansion monétaire peut relancer la production et les transactions, cela
risque d'être pour une courte période. Après quoi, les agents se méfieront et
adopteront leurs niveaux de prix et leur demande de monnaie en fonction d'une
inflation anticipée plus forte. Ces anticipations adaptatives ont donc, poussé
les monétaristes à préconiser une politique monétaire sage et stable, autrement
dit, pour se prémunir contre des anticipations néfastes à l'égard du niveau des
prix, les autorités monétaires devraient pratiquer l'effet d'annonce. De plus,
comme la masse monétaire en circulation est exogène et peut être contrôlée, il
eux faut annoncer un taux de croissance durable de la masse monétaire. Ce taux
est légèrement fixé au-dessus du taux de croissance du PIB car, à terme, la
vitesse-revenu se modifie. En effet, plus un pays s'enrichit, plus le niveau de
vie moyen s'élève. Or les ménages à revenu élevé conservent un revenu
d'encaisse plus important par rapport à celui que conservent les ménages
pauvres, le coefficient k dans l'équation de Cambridge augmente et la
vitesse-revenu diminue. Par conséquent, en période de forte expansion
économique, le revenu des ménages peut accroître plus vite que le revenu
permanent et cela peut provoquer l'accroissement de la vitesse de circulation
de la monnaie. Dans ce cas, le niveau d'encaisse s'élève au-dessus du niveau
désiré, ce qui réclame une accélération du taux de croissance monétaire.
Cependant, les monétaristes, malgré tenu compte des fluctuations de l'activité
économique, demandent aux autorités monétaires de garder toujours une
croissance monétaire stable.
[15] Fiedman M. (1968), op. cit., pp 50-52
[16] Fiedman M. (1968), op. cit., p52
[17] Fiedman M. (1968), op. cit., p67
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