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(3) LES ORIGINES DE L'INFLATION DU VIETNAM D'APRES L'APPROCHE MONETARISTE:
section iI - Les guerres et tensions militaires - un premier facteur de la détermination des recettes budgétaires
du Vietnam
Selon l'expérience mondiale, au
cours de la période de guerre, les dépenses publiques augmentent, et elles
entraînent une hausse des recettes publiques[1]
parce que la guerre est la formule unique de la mobilisation fiscale et de
l'emprunt en grande envergure que se justifient les politiciens[2].
Au Viêt-nam, en période de l'après-guerre avec les Etats-Unis 1976-84, des
guerres et des tensions militaires avec le Cambodge et la Chine sont
permanentes, le taux des recettes publiques restait toujours au niveau très
élevé comme on l'a vu dans la première section. Plusieurs études ont estimé que
l'état de la guerre a un effet important sur le prélèvement public du Viêt-nam[3].
Cela nous demande d'avoir une analyse spécifique pour expliquer l'influence de
l'état de guerre et de tension militaire permanente sur le prélèvement public
du Viêt-nam.
1.
L'impact de la guerre sur les recettes budgétaires
- expériences
mondiales et théories
a) Les expériences mondiales sur
l'impact de la guerre sur le prélèvement public
Le monde a vu plusieurs guerres,
notamment les deux grandes guerres mondiales, et leurs influences sur
l'activité budgétaire de l'Etat. Des études ont été faites pour le cas des pays
industrialisés[4].
Pour le cas français, les conclusions générales tirées de ces études sont que
les dépenses et les recettes budgétaires françaises ont été fortement
influencées par les deux guerres mondiales, surtout après chaque guerre
mondiale, les recettes et dépenses publiques françaises sont nettement en
baisse par rapport aux périodes de guerres[5].
Pour les quatre grands pays (la France, l'Allemagne, la Grande-Bretagne, les
Etats-Unis), pendant la seconde guerre mondiale, l'impôt a joué un rôle plus
important qu'au cours de la première guerre, comme moyen de couverture des
dépenses globales[6].
En Grande Bretagne, par la conséquence de la guerre, associée à l'accroissement
ensuite de l'inflation, le gouvernement a dû augmenter la contribution fiscale
des ouvriers pour financer la demande nécessairement augmentée[7].
Dans le cas de la Suisse, pendant les périodes de guerres, l'action des
pouvoirs publics s'accroît, ce qui se traduit par l'élévation du niveau des
dépenses et par l'alourdissement de la ponction fiscale[8].
Certaines guerres récentes dans le
monde justifient aussi la relation positive entre guerre et prélèvement public.
Le tableau 1.6 indique le prélèvement public du gouvernement américain augmente
en période du bombardement dans le Nord du Viêt-nam (1967-69), et en période de
la libération du Sud par le Nord (1973-75). Les recettes budgétaires du
gouvernement central augmente également en ces périodes. Dans le cas de la
Grande Bretagne, la tension militaire suivie par la guerre avec l'Argentine en
1982 a provoqué un accroissement de son taux de prélèvement public par rapport
au PIB.
Tableau 1.6: Le prélèvement public
par rapport au PIB, Etats-Unis et Angleterre (%)
Etats-Unis
|
1965
|
1967
|
1969
|
1971
|
1972
|
1973
|
1974
|
1975
|
1976
|
1977
|
1978
|
- Budget total
|
26,5
|
28,1
|
30,1
|
28,8
|
na
|
29,7
|
na
|
30,3
|
29,3
|
na
|
na
|
- Gouve. central
|
19,2
|
20,0
|
19,4
|
18,5
|
19,4
|
19,4
|
|||||
Grande Bretagne
|
1977
|
1978
|
1979
|
1980
|
1981
|
1982
|
1983
|
1984
|
1985
|
1986
|
1987
|
- Recettes / PIB
|
34,8
|
33,1
|
33,0
|
35,7
|
36,4
|
38,8
|
37,8
|
38,0
|
37,9
|
37,8
|
|
- Dépenses
|
38,3
|
38,4
|
38,8
|
40,6
|
41,5
|
42,7
|
42,5
|
41,5
|
41,3
|
39,9
|
Sources: - FMI,
International Financial Statistics, Yearbook 1989,
- Wiseman J. (1980)
"Comparative Aspects of the Taxation of Business in The United
Kingdom and Germany", Anglo-Germany Foundation, London, p.7
La guerre crée encore le processus
d'inspection, qui apporte au gouvernement et aux habitants des nouvelles
connaissances sur la nature de la société, par exemple, les guerres récentes
ont créé une attention sur l'inefficacité du système d'éducation, des services
médicaux et des conditions de logement[9],
ou bien l'offre des services sociaux durant la seconde guerre mondiale devient
une partie intégrale des efforts et objectifs de guerre de la Grande Bretagne,
même le développement des services médicaux nationaux est aussi le résultat
direct des bombardements dans la guerre[10].
Ainsi, la guerre accroît les recettes et dépenses budgétaires, mais aussi
l'efficacité de leur utilisation. En bref, la guerre a une relation positive
avec l'activité de recettes et de dépenses budgétaires.
b) Les théories sur l'impact de la guerre
sur le prélèvement public
Normalement, lorsque la société
n'est pas assujettie à des pressions non-usuelles, l'idée des habitants sur la
charge tolérable de la taxation, transmise dans l'idée des taux fiscaux
raisonnables, tente à être faible, et il est possible d'avoir certaines
connections entre taux de croissance économique réel et celui des recettes
budgétaires, mais ce dernier ne devrait pas dépasser celui de croissance
économique[11].
Ainsi, il peut exister une divergence entre l'idée de la dépense publique
désirable et celle de la limitation de la taxation, et cette divergence ne peut
se réduire qu'en cas de l'apparition des troubles sociales, telles que les
guerres[12].
C'est à dire, il existerait une pression fiscale maximale acceptée par la
population, dont le niveau varierait très lentement, sauf en période de guerre
ou de crise économique profonde après laquelle, le niveau nouvellement atteint
serait accepté mais demeurerait sensiblement inchangé jusqu'à la crise suivante[13].
Pour expliquer l'augmentation de
l'activité budgétaire en période de guerre, certaines théories financières ont
été nées, l'une des théories le plus souvent évoquées dans l'analyse de
finances publiques en période de guerre est connue sous le nom de "l'effet
de déplacement", énoncée par Peacock et Wiseman[14].
Cette théorie est plutôt centrée sur l'évolution des dépenses publiques[15].
Selon ces auteurs, l'effet de déplacement se compose de deux aspects, d'une
part, il existe un écart persistant entre les dépenses publiques et les
recettes budgétaires, mais des crises nationales de grande échelle, telles que
les guerres, sont susceptibles de réduire cet écart[16]
parce qu'elles créent un objectif commun entre le gouvernement et le public,
donc les habitants acceptent de contribuer un taux fiscal intolérable, plus
élevé par rapport au taux normal[17].
En fait, la guerre détruit les conceptions fiscales établies et produit un
effet de déplacement; les habitant acceptent, dans les périodes de crises, des
taux fiscaux et méthodes d'augmentation des revenus du gouvernement qu'en
périodes normales, ils estiment intolérable et cette acceptation reste jusqu'à
la fin des crises[18].
Ainsi, ces bouleversements peuvent engendrer un effet de déplacement augmentant
à la fois le niveau des recettes et des dépenses publiques[19].
Cependant, une fois que la crise terminée, la charge fiscale redevient
tolérable, ainsi que les dépenses restent à un niveau supérieur à celui d'avant
la crise[20],
cela reconduit à la situation de l'écart entre recettes et dépenses, c'est à
dire un accroissement des déficits budgétaires. Le deuxième aspect de l'effet
de déplacement est le processus de concentration, qui concerne non seulement le
changement de la quantité des dépenses budgétaires, mais aussi celui de ses
structure, notamment la structure des dépenses entre le gouvernement central et
les autorités locales, entre l'investissement productif et les dépenses à
l'éducation et la santé[21].
Selon Peacock, les exigences de
guerre produisent des améliorations significatives de l'administration fiscale
en faveur de l'augmentation du revenu budgétaire, qui n'est pas imposée
politiquement auparavant, mais peut être faite dans la guerre sans protestation[22].
Après la guerre, les dépenses budgétaires continuent au niveau plus élevé que
celui d'avant la guerre, mais on voit apparaître un commencement de la
divergence entre l'idée des dépenses désirables et la taxation tolérable[23].
Avec cette théorie, Peacock et
Wiseman affirment que les dépenses budgétaires du gouvernement anglais les plus
élevées dans les périodes de guerres résultent de l'effet de déplacement[24],
notamment, l'augmentation des taux fiscaux pendant la seconde guerre mondiale
est largement acceptée par tant les habitants que les partis politiques[25].
Le Viêt-nam peut être un cas
satisfait de cette théorie, notamment le mécanisme de formation du prélèvement
public du Viêt-nam aux périodes de guerres et de tensions militaires ne
respecte pas les principes de l'économie de marché et n'est pas influencé par
des pressions de l'opinion sociale comme dans les sociétés démocratiques. On
peut imposer facilement les taux fiscaux nécessairement élevés pour répondre la
demande de dépense du gouvernement dans une économie commandée où le secteur
public occupe une proportion absolue et l'Etat contrôle administrativement tous
les prix du secteur public et la plupart des prix dans le secteur privé[26].
En fait, en créant activement les prix de ciseaux très favorables au secteur
économique étatique et augmentant le taux de transfert public, l'Etat
vietnamien, comme ailleurs dans certains pays socialistes, peut augmenter ses
recettes fiscales, prélever le secteur économique privé, surtout l'agriculture,
pour servir la demande de la guerre ou développer l'industrie, notamment
l'industrie lourde. Les taux de recettes publiques très élevés existaient dans
les anciens pays socialistes sont preuves incontestables. Le taux de prélèvement
public en Union Soviétique est spécialement élevé dans les périodes de guerres
ou de l'industrialisation rapide. La Chine a maintenu un taux de prélèvement
public plus de 30% pendant une très longue période, il reste encore 34,8 en
1978 et 31,7% en 1979, les années du début de grande réforme vers l'économie de
marché[27].
Ce taux du Viêt-nam dans cette période est aussi plus élevé que celui des pays
en développement.
2. L'Etat de guerres et de tensions militaires
permanentes
au Vietnam après
la réunification du pays en 1975.
Comme tout le monde l'a su, le
Viêt-nam, pendant trente ans 1945-1975, a du passer les deux grandes guerres
cruelles: avec les Français en période 1945-1954, finie par la campagne de Dien
Bien Phu, et avec les Américains en période 1955-1975, finie par la campagne de
Ho Chi Minh, le Sud-Vietnam est libéré et le pays s'est réuni. Ces guerres ont
laissé des dégâts terribles pour la population vietnamienne[28].
Sorti de la guerre avec les
Américains, le gouvernement vietnamien a réalisé une vague de démobilisation de
série. En 1975-1976, des centaines milles de soldats sont démobilisés,
plusieurs divisions ont passé à la construction économique, notamment à la
construction de l'infrastructure à la campagne et au développement de
l'économie du Haut-Plateau, où la terre est très fertile et favorable aux
plantes industrielles.
Cependant, la paix existait très
courte au Viêt-nam. A partir du printemps 1977, surtout depuis Septembre de
cette année-là, l'armée khmère rouge commence à attaquer les provinces au long
des frontières vietnamo-cambodgiennes avec des actions très cruelles et une
grande envergure. La situation militaire redevient tendue aux frontières du
Sud. L'Etat vietnamien a du remobiliser l'armée. Depuis Février 1978, devant
l'agression sauvage des khmères rouges, les soldats vietnamiens ont été
autorisés de riposter jusqu'au 10 km maximal dans le territoire du Cambodge.
Pourtant, chaque fois que l'armée vietnamienne retire au Viêt-nam, l'armée
khmère rouge réattaque et réfranchit à la frontière, cela fait beaucoup de
pertes humaines et matérielles pour le côté vietnamien. Enfin, en Décembre
1978, le gouvernement vietnamien a décidé de libérer le Cambodge du régime de
khmère rouge après trois ans de supporter ses actions agressives.
En même temps, les tensions en le
Viêt-nam et la Chine ont apparues et se sont rapidement accélérées. Le point
tournant de ces tensions est l'événement de départ vers l'étranger de la
communauté Hoa (vietnamiens d'origine chinoise) en 1978. En suite, tout de
suite après la libération du Cambodge en Janvier 1979, la guerre
vietnamo-chinoise s'est explosée en Février 1979, cela commence les tensions
militaires permanentes aux frontières vietnamo-chinoises jusqu'en 1988-89, date
du retraitement total des troupes soldats vietnamiens du Cambodge et du
commencement des négociations de normalisation de relation avec la Chine. La
guerre sino-vietnamienne de 1979 est brève, mais sanglante, suivie par les
conflits militaires dans les régions des îles Paracel et...[29]
Ainsi, depuis 1977 jusqu'en 1989, le
Viêt-nam était toujours en état de tensions militaires au deux débuts du pays.
Il doit soutenir un effort militaire important dès 1979, avec une guerre
frontière contre la Chine au Nord et une intervention controversée au Cambodge
à l'ouest pour mettre fin à la dictature sanglant de Polpot[30].
Depuis 1990 jusqu'à maintenant, il reste toujours les tensions de territoire de
mer avec la Chine et les assassinats des vietnamiens au Cambodge qui font créer
plusieurs tours de négociations sans résultats concrets.
Les guerres et les tensions
militaires permanentes durant les années 1977-1989 avec la Cambodge et la Chine
a réclamé au gouvernement beaucoup de financement budgétaire parce que
l'effectif militaire augmente très vite, les nouvelles institutions militaires
sont créées et les anciennes institutions militaires ont été renforcées. Tous
ces développements militaires ont fait augmenter les demandes d'équipements et
de fournitures qui influencent fortement le niveau et la structure des recettes
budgétaires. Dans cette situation, on peut croire que les guerres et tensions
militaires permanentes à l'époque ont devenu un déterminant important du
prélèvement public du Viêt-nam[31]
3.
L'impact des guerres et tensions militaires sur
l'évolution
des recettes budgétaires du Vietnam
Pour répondre la demande financière
des guerres, comme à l'époque des guerres avec les français et les américains,
le gouvernement vietnamien repose principalement sur l'aide militaire des pays
socialistes, notamment l'Union Soviétique. Depuis 1977, le Viêt-nam devient un
membre officiel du bloc COMECON, cela renforce l'aide soviétique au Viêt-nam
après une courte période de baisse dramatique 1975-77. La valeur d'aide
militaire, principalement sous la forme d'équipement militaire, est équivalente
à un milliards de dollars par an en période 1977-80.
Cependant, le Viêt-nam doit charger
toutes les frais d'alimentation, plusieurs sortes d'équipement légère et les
frais sociaux des guerres, y compris l'aide humanitaire et militaire pour le
gouvernement cambodgien créé par l'armée vietnamienne. Cela exige le
gouvernement vietnamien d'appliquer une politique de prélèvement public
appropriée afin d'avoir une ressource budgétaire nécessaire. En général,
l'objectif de la politique fiscale dans cette période est de mobiliser
maximalement les ressources financières dans la société pour créer un budget
fort qui peut servir les objectifs militaires et économiques du gouvernement.
Le graphique 1.2 nous prouve
l'influence importante des guerres sur le taux des recettes budgétaires sur le
revenu national productif du Viêt-nam au cours des années de guerres. Avant
1975, bien que la plupart des frais militaire et civil proviennent de l'Union
soviétique, de la Chine et d'autres pays socialistes, la charge public
supportée par les habitants augmente fortement pendant les années de guerre,
surtout dans les périodes les plus militairement tendues 1959-63 (la
construction du piste Ho Chi Minh et les combats au Sud), 1966-1967 (les
bombardements américains au Nord), 1971-1975 (la libération du Sud) et 1976-79
(les guerres avec le Cambodge et la Chine).
Graphique 1.2: Les taux des recettes
budgétaires (bleu) et de l'aide
étrangère (rouge) par rapport au revenu
national productif (%)
Le tableau 1.1 indique que le taux
de prélèvement public sur le PIB était toujours au niveau très élevé, notamment
dans les deux ans 1977-78 (environ 26,3%) où la guerre au sud s'était produite
et les tensions militaires au Nord se sont multipliées. En 1979, ce taux a
baissé à 22,8% du fait que la production baisse de -2% puisque le gouvernement
vietnamien a du déplacer plusieurs usines du Nord au Sud et plusieurs autres
entreprises stoppaient de fonctionner pendant et après les guerres. Dans le
secteur privé et à la campagne, la production était également en baisse à cause
de la guerre. Ainsi, la guerre et ensuite, l'état de tension militaire font le
taux de prélèvement public du Viêt-nam être toujours au niveau élevé pendant la
période 1976-84.
Cependant, les recettes budgétaires
en termes réels du gouvernement vietnamien aux années de guerres avec la
Cambodge et la Chine 1979-80 ont fortement baisé selon le tableau 1.2. On peut
expliquer cette chute par diverses raisons, notamment la chute rapide de la
production de toute l'économie, les difficultés de collection fiscale pendant
les guerres, l'apparition de l'inflation élevée et le niveau des recettes
fiscales sur le PIB déjà très élevé en 1976-78 après les trente ans de guerre
1945-75. En outre, il faut compter l'augmentation forte de l'aide soviétique
pendant les deux ans 1979-80.
Le redressement très fort des
recettes budgétaires en termes réels depuis 1981 est une preuve. En fait, après
les guerres, bien que les tensions militaires soient encore permanentes, mais
le risque du retour de guerre n'existe plus, par conséquent, avec d'autres
politiques de stimuler l'économie, la production se développe rapidement et
cela provoque l'augmentation très rapide de recettes budgétaires. L'aide
soviétique, comme l'indique le graphique 1.2, chute rapidement depuis 1981.
La guerre a créé un grand changement
dans la structure des recettes fiscales en termes nominaux et réels. En termes
nominaux, la part des recettes budgétaires provenue du secteur public a monté
de 78,4% en 1976 à 80-81,4% en 1977-79, c'est à dire il y a une augmentation,
bien que faible. En termes réels, on trouve que les recettes budgétaires de ce
secteur augmente de 30% après 4 ans (de 0,4 milliards de dông en 1976 à 0,52
milliards de dông en 1979) alors que le prix dans ce secteur n'augmente que de
7,9% pendant les quatre ans 1976-1979, les recettes budgétaires en termes réels
à partir du secteur public augmente donc de 20,5% dans la même période (bien
que la production est en baisse). Voici un taux de croissance rapide en termes
de matériaux naturaux. Ainsi, la guerre a créé un taux de mobilisation fiscale
plus élevé dans le secteur public du Viêt-nam, conformément à la théorie de
Peacock et Wiseman.
Cependant, les chocs de guerres ont
fait chuter soudainement le taux de prélèvement public à partir du secteur
privé, surtout dans l'artisanat et dans l'agriculture. Si les recettes
budgétaires nominales à partir de ces secteurs ont doublé après 4 ans (voir
tableau 1), ses valeur réelle a baissé de 202%. Voici la conséquence de la
politique fiscale de l'Etat vietnamien à l'époque: ne s'intéresser pas à
collectionner l'impôt à partir du secteur privé.
En effet, on peut résumer la
politique du prélèvement public du gouvernement vietnamien afin de servir la
guerre comme suit: 1) Concentrer le prélèvement sur le secteur économique
public pour produire les équipements de guerre et les biens de consommation
servis à l'armée, réserver une partie des biens de consommation pour échanger
les vivres et l'alimentation servis à l'armée, 2) Mobiliser les vivres et
l'alimentation aux mains de l'Etat. En réalité, comme la production agricole
chute sérieusement en cette période, l'Etat applique très souvent la forme de
la mobilisation forcée envers la production agricole, surtout pour
collectionner les vivres. Ainsi, le taux de mobilisation fiscale du secteur
agricole est très élevé dans cette période par rapport à la période 1981-86
(tableau 1.8). Le taux fiscal de l'agriculture de 1-1,2% du PIB est parmi les
taux les plus élevés de toute la période 1976-95. Même depuis 1985, notamment
1989, après les guerres, le paysan vietnamien doit encore financer un grand
nombre de fonds, y compris le fonds pour la défense nationale géré par le
comité de la commune, selon le Ministère de l'Agriculture, les ressources
mobilisées (supplémentaires) seraient souvent d'un montant similaire à celui de
la taxe agricole[32]
Pendant la période suivante
(1980-84), bien que les guerres ne se soient plus produites dans le territoire
du Viêt-nam, l'armée vietnamienne demeure toujours au Cambodge et la guerre
était permanente. D'autre part, les tensions militaires avec la Chine au Nord
étaient également permanentes. Pourtant, le danger d'une grande guerre n'est
plus véritable, donc, les pressions de prélèvement public ont baissé. La
proportion fiscale à partir du secteur public diminuait graduellement, elle a
passé de 80% en 1979 à 70,9% en 1984. En termes nominaux, les recettes
augmentent de 0,52 milliards de dông à 6,81 milliards de dông, c'est à dire
13,1 fois, mais le prix augmente de 5,8 fois, donc les recettes budgétaires à
partir du secteur public augmente 2,25 fois en termes réels.
Par contre, la part du secteur
privé, notamment l'industrie privée, a bien augmenté grâce à la mise en oeuvre
de la nouvelle politique fiscale envers ce secteur. La valeur nominale des
recettes fiscales de ce secteur augmente de 0,05 milliards de dông à 1,24
milliards de dông (1984 contre 1979), c'est à dire 24,8 fois, alors que le prix
augmente de 13 fois, les recettes fiscales en termes réels augmentent donc de
1,9 fois, inférieur au taux de croissance du secteur public, mais bien
supérieur à celui de la période précédente.
Ainsi, durant la période de guerres
1976-84, la contribution en termes réels du secteur public au budget de l'Etat
vietnamien augmente plus vite que celle du secteur privé, bien qu'en termes
nominaux, on voit une évolution inverse à cause du fait que l'inflation dans le
secteur public est très inférieur à celle dans le secteur privé.
Depuis 1985, les tensions militaires
ont clairement baissé, donc, on a vu une chute correspondantement le taux du
prélèvement public. Bien sûr, il existait d'autres raisons pour expliquer cette
chute considérable, mais la baisse importante des demandes du gouvernement pour
servir la demande militaire est un facteur explicatif très décisif.
Spécialement, dans les années 1986-89, le Viêt-nam a graduellement retiré tous
ses troupes armés du Cambodge, ensuite depuis 1990, après les négociations de
paix et l'accord de normalisation avec la Chine, le gouvernement vietnamien a
pu diminuer environ 60% de ses dépenses militaires, démobiliser une demie
millions de soldats et transférer un ratio important de soldats dans la
construction économique[33].
En bref, on a trouvé une influence
positive des guerres et des tensions militaires sur les recettes fiscales du
Viêt-nam depuis 1976 jusqu'en 1991. Durant les périodes de guerres, le taux de
prélèvement public est très élevé, il serait encore plus élevé s'il est ajusté
par le taux d'inflation du secteur public, non par l'inflation général de
l'économie. En revanche, lorsque les tensions militaires sont en baisse, ce
ratio chute également. De plus, pour servir la demande des guerres, l'Etat
vietnamien s'est basé presque uniquement sur le secteur économique public et un
peu sur le secteur agricole. Plusieurs rapports du gouvernement à l'époque
estime que la faible efficacité de la production agricole et du secteur privé
ainsi que les contraintes structurelles et conjoncturelles ne permettent pas à
l'Etat vietnamien d'augmenter le prélèvement fiscale sur le secteur privé,
surtout une population rurale déjà soufferte des conséquences cruelles de la
guerre, de l'embargo et des sanctions économiques[34].
Conclusion: l'économie vietnamienne
doit supporter non seulement les conséquences très lourdes de deux grandes
guerres depuis 1945 jusqu'en 1975, mais aussi des nouvelles guerres et tensions
militaires consécutives depuis cette date jusqu'en 1989, ce qui a posé une
demande financière à la défense très importante et elle occupait une proportion
extrêmement élevée dans la valeur totale des dépenses publiques du Viêt-nam.
Par conséquence, la demande de prélèvement public devient très importante, le
taux de prélèvement public a augmenté d'après les variations de guerres et de
tensions militaires. Plusieurs politiques du prélèvement public appliquées à
l'époque ont pour but d'augmenter les recettes budgétaires pour servir ces
guerres et tensions militaires. Ainsi, la guerre est un facteur d'augmenter les
recettes budgétaires du Viêt-nam.
[1] Weber L. (1978) "L'analyse économique des dépenses
publiques", PUF, Paris, p.17; ...
[2] Keynes J.M. (1936) "The General Theory of Employment, Interest
and Money", Edition 1991, Macmillan Cambridge University Press, Vol. VII.
[3] Vo Dai (1991) "Lutter contre l'Inflation et le Processus de la
Rénovation du Vietnam", Ed. des Sciences Sociales, Hanoi, Vietnam, pp. 52,
54. Luoc V.D. (1992) "Curbing inflation and the Processus of Economic Renovation
in Vietnam", Social Sciences Publishing, Hanoi, Viatnam.
[4] Delorme R. et André C. (1983) "L'Etat et l'Economie", Edi.
Seuil, Paris, p.44; repris dans Naderan E. (1996) "Les facteurs de la
mobilisation fiscale en Iran", Thèse au CERDI, p. 106.
[5] Delorme R. et André C. (1983) "L'Etat et l'Economie", Edi.
Seuil, Paris, p.44
[6] Laufenburger H. (1944) "Crédit public et finances de guerre
(Allemagne, France, Grande-Bretagne et Etats-Unis", 1914-1944",
Librairie de Médicis, Paris, p.29
[7] Wiseman J. (1980) "Comparative Aspects of the Taxation of
Business in The United Kingdom and Germany", Anglo-Germany Foundation,
London, p.101
[8] Manzini A. (1992) "La taille du secteur public", dans Weber
L. (1992) "Les finances publiques d'un Etat fédératif: la Suisse",
Economica, p.55, repris dans Naderan E. (1996) "Les facteurs de la
mobilisation fiscale en Iran", Thèse au CERDI, p. 107.
[9] Peacock A. T. et Wiseman J. (1961) "The Growth of Public
Expenditure in the United Kingdom", London, George Allen and Unwin op.
cit., p.xxviii
[10] Timuss R.M. (1950)
"Problem of Social Policy", in History of Second World War, Civil
Series, London, chapter XV.
[11] Peacock A. T. et Wiseman J. (1961), op. cit. p.xxi.
[12] Peacock A. T. et Wiseman J. (1961), op. cit. p.xxi.
[13] Delorme R. et André C. (1983) "L'Etat et l'Economie", Edi.
Seuil, Paris, p.110; Naderan E. (1996) "Les facteurs de la mobilisation
fiscale en Iran", Thèse au CERDI, p. 108.
[14] Naderan E. (1996) "Les facteurs de la mobilisation fiscale en
Iran", Thèse au CERDI, p. 107.
[15] Peacock A.T. (1979) "The Economic Analysis of Government",
London, Martin Roberston, Chapter 7. Peacock A. T. et Wiseman J. (1961),
chapter Introduction and chapters 1, 2.
[16] Diamond J. (1977) "Econometric Testing of the "Displacement
Effect": A Reconsideration", Finanzarchive, Band 35, Heft 3, p.389.
[17] Peacock A. T. et Wiseman J. (1961) "The Growth of Public
Expenditure in the United Kingdom", London, George Allen and Unwin,
p.xxiv.
[18] Peacock A. T. et Wiseman J. (1961), op. cit. p. 27
[19] Peacock A. T. et Wiseman J. (1979) "Approche to the Analysis of
Government Expenditure Growth", Public Finance Quartely, Vol. 7, N°1, pp.
1-23. et Peacock A. T. et Wiseman J. (1961), op. cit. p.xxiv.
[20] Peacock A. T. et Wiseman J. (1961) "The Past and Future of Public
Spending", Lloyds Bank Review, avril, 1961, p.11-14
[21] Peacock A. T. et Wiseman J. (1961) "The Growth of Public
Expenditure in the United Kingdom", London, Princeton University Press et
Oxfort University Press, p.xxiv.
[22] Peacock A. T. et Wiseman J. (1961) "The Growth of Public
Expenditure in the United Kingdom", London, Princeton University Press et
Oxfort University Press, p.xxvii.
[23] Peacock A. T. et Wiseman J. (1961), op. cit. p. xxvii
[24] Peacock A. T. et Wiseman J. (1961), op. cit. p. xxiv
[25] Peacock A. T. et Wiseman J. (1961), op. cit. p. 27. Peacock A.T. and
Shaw GK. (1976) "The Economic Theory of Fiscal Policy", St. Martin's
Press, New York
[26] Kornai J. (1980) "The Economics of Shortage", Amsterdam,
North Holland
[27] McKinnon R.I. (1993) "The Order of Economic Liberalization -
Financial Control in the Transition to a Market Economy", Second Edition,
The Johns Hopkins University Press, Chapitre 12.
[28] Voir la section 2, paragraphe 2 de cette thèse
[29] Pomonti J.C. (1997) "Le retour de Douglas "Pete"
Peterson", Le Monde 24 Mai, 1997 et ses nombreuses articles concernant le
Vietnam dans "Le Monde" pendant la période 1989-1997.
[30] Azam J.P. (1995) "Le Vietnam en transition: Stabilisation et
Croissance", Rapport pour le Centre de Développement de l'OCDE, Document
au CERDI, p.2
[31] Vo Dai (1991), op. cit., p. 54
[32] Bonjean C.A. et Chambas G. (1995) "Taxe Foncière, Taxe à
l'Exportation: l'Expérience vietnamienne est-elle transposable en Afrique
?" Revue Tiers Monde, t.XXXVI, N°144, Octobre-Décembre, p.736
[33] World Bank (1992) "Restructuring Public Finance and Public
Enterprises", Economic Report, 15 Avril.
[34] Comité d'Etat au Plan du Vietnam, reprise dans World Bank (1991)
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