Systèmes et structures
Théorie des biens relationnels des organisations à but non lucratif
Les économistes se sont intéressés aux conséquences économiques des relations informelles entre citoyens. Ils ont introduit à cet effet de nouveaux concepts comme ceux de capital social et de biens relationnels. Ces derniers sont produits lorsque des personnes engagées dans des activités associatives jouissent de bénéfices de nature immatérielle (sentiment d'appartenance à un groupe. conservation de son identité, approbation sociale). Les individus ne peuvent jouir de ces biens qu'à la condition de les partager avec d'autres. Le tiers secteur apparaît le mieux à même d'avoir une attention à ces types de biens. Toutefois, rien n'empêche les organismes publics et les organisations à but lucratif de favoriser leur éclosion. (Uhlaner)
Théorie du capitalisme, du socialisme et de la démocratie
Cette théorie de J. Schumpeter cherche à rendre compte de la nature du système capitaliste et de sa dynamique. L'entrepreneur en innovant réalise un profit et acquiert une position temporaire de monopole jusqu'à ce que la concurrence imite l'innovation. La croissance capitaliste est donc un processus de destruction créatrice. Or, pour Schumpeter, il existe des facteurs qui menacent à terme le capitalisme. La concentration du capital tend à bureaucratiser l'innovation. Le capitalisme a perdu l'adhésion des citoyens. Le droit de la propriété et la liberté des conventions tendent à être démantelées. Le socialisme peut fonctionner même si une répartition égalitaire risque d'être moins efficient que le capitalisme. (Schumpeter)
Théorie de la confiance des organisations à but non lucratif
Le consommateur a des difficultés à évaluer la qualité des services. Les coûts d'information et de transaction sont élevés et le producteur peut en profiter. La contrainte de non-distribution des profits de l'économie sociale inspire confiance, d'autant que les dirigeants des organisations sans but lucratif ne retirent aucun bénéfice de services de mauvaise qualité. Toutefois, les dirigeants peuvent poursuivre d'autres objectifs qui ne correspondent pas forcément aux intérêts des bénéficiaires. Cette explication en termes d'asymétrie d'information réduit la confiance à un risque calculé. Or, pour certains, cette dernière ne peut être mesurée et exprimée seulement en termes de probabilité et d'utilité. (Hansmann)
Théorie de l'économie solidaire appliquée aux organisations à but non lucratif
Cette théorie s'inspire des travaux de Polanyi. Celui-ci identifie quatre principes économiques : le marché. la redistribution, la réciprocité et l'administration économique. L'économie solidaire a pour ambition de combiner la réciprocité, le marché et la redistribution dans un cadre légal fondé sur la liberté d'adhésion et l'égalité. Si l'économie domestique privilégie la famille comme lieu de solidarités, l'économie solidaire privilégie la réciprocité, c'est-à-dire l'action collective. L'économie solidaire cherche à cumuler les avantages de l'économie monétaire, source de liberté individuelle par le marché et facteur d'égalité par la redistribution avec ceux de l'économie non monétaire qui sort les échanges de l'anonymat. (Laville)
Théorie de l'hétérogénéité des organisations à but non lucratif
Afin de se faire réélire, le gouvernement offre une quantité de biens collectifs, susceptible de satisfaire l'électeur médian. L'hétérogénéité de la société laisse un certain nombre d'électeurs insatisfaits et la demande résiduelle de biens publics est satisfaite par les organisations à but non lucratif. Le secteur privé peut concurrencer ces dernières mais devra résoudre le problème du passager clandestin (free rider). Un autre facteur est le caractère bureaucratique de l'action publique. Il ne permet pas d'identifier rapidement l'évolution des demandes et d'y répondre. Inversement, l'intervention de l'État se justifie car les associations ont une capacité limitée à mobiliser des ressources et se limitent à certains groupes ou certaines situations particulières. (Weisbrod)
Théorie de la fin de l'Histoire
Fukuyama soutient que l'Histoire culmine dans la démocratie libérale et l'économie de marché. Deux facteurs sont à l'origine de ce processus. Le premier est d'ordre économique. Le marché s'est révélé le stimulant le plus efficace du développement. Le second est la lutte pour la reconnaissance de Hegel. Les êtres humains désirent être reconnus dans leur dignité et leur statut. La démocratie libérale moderne de par ses institutions garantit la reconnaissance de ces droits universels. S. Huntington s'oppose à cette vision optimiste de l'histoire estimant que certains régimes politiques (théocratie islamique, etc.) sont des adversaires de la démocratie libérale. L'histoire selon Fukuyuma ne serait pas toutefois finie si on considère que le progrès scientifique est infini et que nous sommes à la veille de grands bouleversements. (Fukuyama, Huntington)
Théorie de l'institutionnalisation du marché
Polanyi soutient que l'économie de marché n'est pas un phénomène naturel. Elle a besoin d'une société de marché et de l'intervention de l'Etat. Historiquement, elle a fonctionné pendant environ un siècle, des années 1830 à la crise de 1929. La crise des années 30 amorce une resocialisation de l'économie, aussi appelée " la grande transformation " . La resocialisation consiste en des mesures adoptées par la société pour se protéger des effets du marché. L'homme agit d'abord selon Polanyi de manière à garantir sa position sociale. Dans les autres systèmes régis par les principes de réciprocité et de redistribution, le système économique était encastré (embedded) dans le système social par contraste avec l'économie de marché où seul le marché régit la production et la répartition des biens. (Polanyi)
Théorie du marché et socialisme
Selon A. Smith, le marché ou " main invisible " coordonne l'ensemble des décisions des ménages et des firmes. Le système de prix permet à tous les agents de maximiser leur utilité. La somme des intérêts individuels et égoïstes est égale à l'intérêt général. Dans un système de planification, l'absence des prix de marché conduit à des pertes économiques. D'une part, le planificateur ne peut rassembler toutes les informations sur les ressources, les techniques et les goûts des agents. Il ne peut donc résoudre les équations qui équilibrent l'offre et la demande de chaque bien, service et facteur de production. D'autre part, la planification n'offre pas de véritable stimulants à l'activité des agents. Selon von Hayek, la liberté des agents serait sacrifiée, c'est pourquoi socialisme et liberté seraient inconciliables. (Smith, von Mises, Robbins, von Hayek)
Théorie des modes de production
Marx propose une théorie générale de l'évolution des modes de production. Un mode de production est la combinaison de l'état des forces productives et des rapports de production. La contradiction entre l'état des forces productives et les rapports sociaux de production est à l'origine du passage d'un mode de production à un autre. Marx distingue plusieurs modes de production : asiatique, antique, féodal, capitaliste, communiste. C'est dans la Critique du programme de Gotha qu'il distingue la première phase de la société communiste (socialiste) où le droit est encore un droit inégal de la phase supérieure (communiste) où le travail devient lui-même le premier besoin vital et que la société vit dans l'abondance ("De chacun selon ses capacités, à chacun selon ses besoins"). (Marx, Engels, Lénine)
Théorie néo-institutionnelle des organisations à but non lucratif
Les structures juridiques et politiques influent sur le développement de l'économie sociale et solidaire. Trois variables institutionnelles ont une importance déterminante : la forme du système légal, le degré de centralisation politique, le degré de développement social et économique. Les systèmes de droit coutumier, par comparaison aux systèmes de droit écrit, sont plus favorables à l'émergence des organisations sans but lucratif. De même, un système politique unitaire avec une structure administrative centralisée est moins favorable au développement du secteur sans but lucratif qu'un État fédéral à administration décentralisée. (Di Maggio, Anheier)
Les écoles de pensée de l'économie sociale
Traditionnellement, l'économie politique n'analyse pas les organisations à partir des rapports de réciprocité entre une entreprise et des personnes mais en termes de classes sociales ou de fonctions marchandes.1 On distingue quatre écoles de pensée de l'économie sociale : l'école socialiste, l'école sociale-chrétienne, l'école libérale, l'école solidariste. Ainsi, pour Walras et Gide, l'économie sociale consiste en une appréciation de la valeur morale des moyens utilisés pour l'application des lois naturelles. Les associations sont un élément d'un système au même titre que les autres entreprises. En revanche, Louis Blanc et Proudhon considèrent que les associations ont un rôle de transformation sociale. (Walras, Gide, Proudhon)
Théorie du socialisme de marché
Le socialisme de marché combine la propriété collective des moyens de production et les mécanismes de marché. Les prix sont fixés par le centre planificateur. Les quantités sont déterminées par les entreprises. Les entreprises maximisent alors leurs fonctions objectifs avec ces prix donnés. Dans ce modèle, l'entreprise définit son offre et sa demande en fonction de deux impératifs : d'une part, minimiser le coût moyen de production en combinant les facteurs de production et, d'autre part, égaliser le coût marginal et le prix imposé par le pouvoir central. Le planificateur central supprime les déséquilibres par un processus de tâtonnement qui remédie progressivement aux déséquilibres en modifiant les prix, les salaires et les taux d'intérêt. (Lange, Taylor, Lerner)
Théories de la transition
Les débats théoriques sur le passage d'une économie socialiste à une économie de marché ont porté sur le rythme des réformes : gradualistes, big bang ou bien une masse critique de réformes. Ils ont également porté sur les séquences possibles des réformes : priorité à la création de structures juridiques et sociales, à la stabilisation macroéconomique, ou bien encore à l'ouverture internationale et la liberté des prix. Ainsi, la libéralisation des capitaux entraîne une appréciation du taux de change réel préjudiciable à la réforme du commerce extérieur. La priorité à l'ouverture internationale serait justifiée par la nécessité de créer un environnement concurrentiel et par l'élasticité de l'offre. (Kornaï, Nuti, Sachs, Nordhaus)
Théorie des trois âges de la violence
Cette théorie cherche à expliciter les relations entre la violence et les modes de production de répartition. Elle distingue trois sociétés : 1°/ dans les sociétés les plus simples, la production est faible. Il n'y a pas de surplus à de défendre. Les affrontements portent sur l'accès aux territoires, etc. ; 2°/ dans les sociétés agraires, la croissance de la production conduit à la création d'un surplus mais est irrégulière, d'où le recours à la violence pour l'accaparer. La guerre est supérieure au commerce ; 3°/ la violence évolue lorsque la production augmente régulièrement. Ainsi, la nomenklatura dans les pays communistes qui recourait à la violence pour se répartir le maigre surplus a du se convertir à la croissance. L'affaiblissement de la violence ne peut se poursuivre que si entre autre la croissance perdure. (Gellner)
Théorie webérienne du changement social
M. Weber rejette les théories qui cherchent à réduire tout phénomène historique à des causes économiques. Les idées sont très souvent à l'origine de la dynamique par laquelle les intérêts engagent l'action. Il cherche à mesurer l'influence des croyances religieuses sur le comportement social et économique des individus. Il analyse à l'aide d'idéaux-types l'éthique protestante, l'esprit du capitalisme et comment la conjonction des deux conduit à l'établissement du capitalisme. Toutefois, il souligne qu'il ne faut pas surestimer le rôle joué par l'éthique religieuse, car la religion est elle-même le produit de plusieurs déterminations. La sociologie de M. Weber n'est pas le simple renversement du point de vue marxiste. (Weber)
Thèse de la religion des organisations à but non lucratif
La taille du tiers secteur varie suivant le degré d'hétérogénéité social, religieux et linguistique d'un État. La concurrence entre les religions, comme le montre les pays anglo-saxons ainsi que de nombreux pays en développement. a été une forte incitation à créer des organisations confessionnelles. Un autre facteur est l'existence d'entrepreneurs religieux intéressés à créer de telles organisations et à satisfaire des besoins spécifiques. Ces dirigeants préfèrent ce type d'organisations car leur but n'est pas de maximiser les gains financiers mais la foi, c'est-à-dire le nombre d'adhérents à la religion. La contrainte de non-distribution des profits devient secondaire. (James)
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