Démographie et économie
La "nouvelle économie des migrations"
Les migrations résultent de décisions collectives prises dans des situations d'incertitude et d'imperfections des marchés. Ainsi, dans les campagnes, une mauvaise récolte entraîne une baisse des revenus. Afin de minimiser les risques, une famille peut décider de faire partir quelqu'un à l'étranger, les revenus de ce dernier étant une sorte d'assurance. Ce ne sont donc pas les écarts de revenus qui sont déterminants mais les préoccupations d'assurance contre l'incertitude.
Théorie de la démographie et de l'épargne
Modigliani et Brumberg relient l'épargne au cycle de vie de l'individu. Ils supposent que l'individu cherche à maximiser l'utilité de sa consommation future. Contrairement à Friedman, pour qui la période de maximisation de l'utilité est infinie et donc, que l'individu n'épargne pas seulement pour lui-même mais également pour ses descendants, Modigliani et Brumberg supposent que la période est finie. L'individu épargne seulement pour lui-même. L'individu répartit sa consommation au cours du temps et accumule une richesse qu'il consommera au cours de sa retraite. Il en résulte notamment que : 1°/ l'épargne globale est déterminée par des facteurs économiques et démographiques (structure par âge, espérance de vie) ; 2°/ le taux d'épargne global est constant au cours du temps ; 3°/ les gains en capital affectent la consommation de manière très limitée. (Modigliani, Brumberg)
Théorie de la comptabilité par génération
Le modèle théorique de comptabilité intergénérationnelle analyse comment la dette nette accumulée ainsi que les dépenses publiques et transferts futurs modifient le niveau de cette dette. A la base, existe une contrainte d'équilibre qui permet de répartir le fardeau de la dette publique et des dépenses publiques futures entre les différentes générations. Ainsi, l'allongement de l'espérance de vie se traduira par une augmentation des dépenses de retraite et de santé. Sans modification de la législation et avec un niveau par tête de cotisation donné, la dette future va s'accroître. En actualisant les flux futurs, en prévoyant la croissance du produit par tête, on peut calculer la contribution nette des générations futures. Ce modèle de comptabilité a été critiquée, notamment parce que qu'il fait l'hypothèse que les dépenses publiques sont improductives. (Auerbach, Kotlikoff)
Théorie des cycles d'Easterlin
R. A. Easterlin observe que la fécondité américaine suit des cycles d'expansion et de dépression. Les variations de la fécondité seraient liées aux conditions d'insertion des jeunes entrants sur le marché du travail. Une cohorte à faible effectif permet une meilleure insertion sur le marché du travail, un meilleur niveau de vie, et donc une plus grande fécondité. Il en résulte vingt ans plus tard une cohorte plus nombreuse, une insertion plus difficile et donc une moindre fécondité. Cette théorie prédisait ainsi une reprise de la fécondité dans les années quatre-vingt et un nouveau baby boom. L'absence actuelle de baby boom serait due, selon Easterlin, aux effets de l'immigration. Celle-ci abaisserait le niveau de salaires des jeunes entrants sur le marché du travail et par conséquent le niveau de fécondité. Toutefois, l'effet de l'immigration sur les salaires des nationaux est plus que controversé. (Easterlin)
Théorie malthusienne
L'ouvrage de Malthus, Essai sur le principe de population (1798) dont la première édition était anonyme, est d'abord un pamphlet contre les partisans de la loi sur les pauvres. Selon Malthus, la population croît selon une progression géométrique (double tous les vingt-cinq ans) tandis que les subsistances croissent selon une progression arithmétique. Dès lors, soit la population accepte volontairement de limiter sa croissance (c'est la moral restraint ou abstention du mariage), soit la population sera détruite par la guerre, la famine, la peste. Aider les pauvres revient à encourager la croissance démographique et à terme sa destruction. La théorie malthusienne de la population est un des piliers de la théorie de l'état stationnaire de Ricardo. Schumpeter dans son ouvrage Histoire de l'analyse économique souligne combien Malthus doit à Botero et à Quesnay pour la construction de sa théorie. (Botero, Quesnay, Malthus)
Théorie marxiste de la population
Selon Marx, la surpopulation n'est pas liée à une démographie trop dynamique des classes les plus pauvres de la société. Elle résulte du mode d'organisation des économies et de la répartition des richesses. La surpopulation est le produit du mode de production capitalistique parce qu'elle est utile à l'accumulation de richesses. Les capitalistes ont, en effet, intérêt à avoir des hommes en trop qui constitueront l'armée de réserve industrielle. Cette dernière permet un maintien d'un taux de chômage élevé et bloque le niveau de salaire. Ce dernier reste ainsi au minimum vital et permet l'augmentation de la plus-value. La pauvreté est une logique du mode de production capitaliste et non d'un excès de population. L'accroissement démographique peut être absorbé à condition que le système de répartition des revenus se trouve modifié. Toute politique démographique serait ainsi inutile. (Marx)
Théorie microéconomique de la famille
Selon ce courant dont le principal représentant est G. Becker, la décision d'avoir des enfants ou bien de se marier est simplement le résultat d'une analyse coûts - avantages. L'enfant, dans une société industrielle, est assimilable à un bien de consommation. Les parents feront face à des dépenses et bénéficieront des satisfactions apportées par l'enfant. La baisse de la taille moyenne de la famille s'expliqueraient par l'augmentation du coût relatif des enfants (éducation, soins, etc.). Au contraire, dans une société agricole, l'enfant est considéré comme un investissement en capital dans la mesure où il peut travailler jeune et contribuer à l'augmentation du revenu familial. L'analyse du mariage est assimilée à celle de la constitution d'une firme. Les deux parties se lient par un contrat pour éviter des coûts de transaction. L'organisation de la production en équipe coûte moins cher et évite les renégociations incessantes. Seul, le rôle de l'amour différencie le ménage de la firme. (Becker)
Théorie microéconomique des migrations
La décision de migrer peut être analysée comme le résultat d'un calcul coût-avantage. Dans ce calcul, interviennent plusieurs variables : 1°/ les écarts de revenu observées et anticipées entre les pays ; 2°/ les écarts de taux de chômage ; 3°/ le degré de générosité des systèmes d'indemnisation ; 4°/ un ensemble de coûts liés à la migration (coûts d'information, de transport et d'installation, coûts psychologiques liés au départ de la terre natale).
Théorie des migrations dans le cadre du dualisme du marché du travail
Les migrations s'expliquent par la demande de travail émanant des entreprises des pays d'accueil. Dans ces derniers, les hiérarchies de salaires sont aussi des hiérarchies de prestige. Les étrangers accepteront des emplois considérés comme dégradants sachant que leur objectif est d'accumuler suffisamment d'argent pour pouvoir rentrer. Si la crise a eu pour effet de précariser la situation des nationaux, le recours à une flexibilité par la sous-traitance a quant à lui eu pour effet d'encourager une immigration de préférence illégale.
Théorie historico-institutionnelle des migrations
Les migrations résultent de facteurs socio-historiques de grande ampleur. L'introduction du capitalisme dans des régions périphériques aurait eu ainsi pour effet de créer une population mobile disposée à émigrer. Il irait de même de la salarisation d'un nombre croissant de paysans. Dès lors, les destinations de ces travailleurs ne résulteraient pas de calculs économiques d'individus rationnels mais des liens historiquement tissés entre métropoles et semi-colonies.
Théorie de l'optimum de population
L'idée d'optimum de population cherche à réconcilier la théorie malthusienne et le courant populationniste. Du point de vue économique, le critère de l'optimum de peuplement est la réalisation du produit (ou du revenu) maximum par habitant. Certains éléments définissent le niveau optimal de la population : état des techniques, volume des ressources utilisables, équipement technique, possibilités du commerce extérieur). D'autres éléments définissent la structure optimale de la population : structure par âges, rapport entre la population active et non active, entre consommateurs et producteurs, structure professionnelle de la population, répartition géographique de la population. Enfin, des éléments définissent l'optimum dans le temps : rythme de croissance de la population, rythme du progrès technique, taux de croissance du revenu national. (Wicksell)
Théorie populationniste
Ce sont les mercantilistes qui initient ce courant. Ils reprennent la formule de J. Bodin selon laquelle " il n'est de richesse que d'hommes ". La croissance de la population a une influence positive par plusieurs canaux : l'augmentation de la demande qui en résulte incite à accroître la production ; elle pousse à une organisation plus efficace de la production d'où des gains de productivité ; une population plus grande permet d'étaler les frais généraux d'une société. Par opposition aux malthusiens, A. Sauvy souligne qu'à " chaque fois que se produit une différence, un écart entre deux grandeurs, deux choses qui devraient être au même niveau, il y a deux façons de rétablir l'équilibre, aligner vers le haut ou vers le bas. En annonçant qu'il y a excès de quelque chose, l'optique malthusien suggère instinctivement de niveler par le bas ". (Sauvy)
Théorie de la pression créatrice (de la population)
Selon E. Boserup, la pression démographique entraîne une réorganisation de la production agricole. Contrairement à l'analyse malthusienne, on ne peut séparer l'évolution de la production agricole et de celle de la population. C'est la taille de la population et donc le niveau de subsistances nécessaire qui conduisent à des modifications dans les modes d'exploitation des terres. Ainsi, la pression démographique a-t-elle obligé par exemple dans les pays du Nord à adopter la charrue afin d'augmenter la productivité des terres agricoles. A l'inverse, une population clairsemée n'incite pas la société à changer le système d'utilisation du sol. La croissance démographique joue un rôle moteur dans le changement des techniques, une pression créatrice. Boserup oppose ainsi à la trappe malthusienne (insuffisance de la production alimentaire), la trappe à faible densité de population (faible progrès technique). (Boserup)
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